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Les mensonges de Mo Farah et d’Alberto Salazar

Mo Farah est une fois de plus mis sur la sellette en Grande Bretagne avec un nouveau documentaire de BBC-PANORAMA, qui démontre ses mensonges autour de l’utilisation de L-Carnitine, et dévoile de nouveaux éléments à charge contre Alberto Salazar, suspendu quatre ans en septembre dernier.

Le premier documentaire de BBC Panorama en 2015 avait sonné le glas pour Alberto Salazar, amenant l’USADA à une enquête approfondie contre le coach, qui débouchait en septembre 2019 sur une suspension de quatre années (en appel auprès du TAS par l’entraîneur).

Ce deuxième documentaire marque un coup de semonce fort contre Mo Farah, en dévoilant des éléments nouveaux à charge contre le quadruple champion olympique. L’affaire tourne autour d’une injection de L-Carnitine reçue par Farah deux jours avant le marathon de Londres 2014, où il effectuait ses débuts sur la distance, et qu’il allait conclure à la 8ème place en 2h08′.

Le sujet est subtil puisque la L-Carnitine n’est pas interdite par les règles anti-dopage, à la condition de respecter un certain dosage (50 ml en 6 heures). Déjà les différents éléments disponibles ne permettent pas de garantir que Mo Farah n’ait pas reçu une dose supérieure aux quantités utilisées. Mais le nouveau sujet réalisé par Mark Daly révèle que c’est en Suisse que cette L-Carnitine avait été achetée, par Barry Fudge, l’entraîneur national du demi-fond de la Fédération Britannique.

La L-Carnitine achetée spécialement en Suisse !

Pourquoi un tel aller-retour en Suisse de cet officiel britannique ? Parce que la forme concentrée de L-Carnitine souhaitée par Alberto Salazar n’était pas disponible en Grande Bretagne… C’était donc une carnitine très très particulière !! Et sous la pression du coach américain, Barry Fudge acceptait d’effectuer ce voyage spécial.

Pourtant dans les premiers échanges de mails que Mark Daly a pu consulter, les officiels de la Fédération Britannique, Barry Fudge, Neil Black (directeur de la performance) s’interrogent l’éthique sportive d’un tel geste. Mais leurs réticences vont vite s’envoler pour satisfaire Alberto Salazar et Mo Farah, et laisser faire le Docteur Chakraverty qui n’avait pourtant pas dissimulé au départ son inquiétude à effectuer l’injection sans test préalable.

Mo Farah a oublié son injection, et puis finalement le souvenir revient !

Ou du moins sans test connu des interlocuteurs britanniques. Car le mensonge est visiblement une deuxième nature pour le duo Farah-Salazar. Un élément fort le révèle, celui sur le témoignage donné par Mo Farah auprès des parlementaires de la commission d’enquête lancée en 2014 après que « The Sunday Times » ait révélé publiquement cette injection.

Mark Daly a eu le privilège de découvrir les procès-verbaux de cette audition, et il en ressort que dans un premier entretien, Mo Farah soutient n’avoir jamais utilisé de L-Carnitine, et en particulier avant Londres. Ce n’est qu’à la fin de son audition, et après qu’il ait échangé avec Barry Fudge que Mo Farah demande à revenir devant les parlementaires pour leur déclarer avoir fait un oubli, et qu’effectivement, il a bien eu recours à la L-Carnitine avant le marathon de Londres…

Alberto Salazar teste des produits sur ses athlètes

Mais Mark Daley possède une autre preuve de la culture du mensonge développée par Alberto Salazar. Le journaliste britannique a pu obtenir un témoignage choc d’Ari Lambie, jeune lycéenne talentueuse, qui avait rejoint le Nike Oregon Project en 2008, et qui l’a quittée après seulement 18 mois, lassée de supporter à la fois les pratiques de harcèlement du coach et ses incitations à l’utilisation de produits tendancieux. Car Ari Lambie révèle avoir été contrainte à un changement de pilule contraceptive, (pour une pilule favorisant l’augmentation du volume sanguin), à l’utilisation d’un médicament pour la thyroïde, (sans raison médicale), et aussi à supporter une injection d’un produit inconnu pour s’assurer que le dosage utilisé ne provoque pas de contrôle positif….

Une méthode non seulement déplacée sur le plan éthique, mais encore un autre mensonge à l’actif de Salazar, qui avait soutenu après sa suspension, n’avoir jamais eu recours à de telles pratiques de « test » sur des humains…

L’image du couple Farah+Salazar sort terriblement ternie par ces articles et ce documentaire. Et ce n’est pas l’interview donnée par Mo Farah à Matt Lawton du « Times », qui pourra renverser la vapeur. Garry Lough, son entraîneur, et mari de Paula Radcliffe, a provoqué la venue de Matt Lawton en Ethiopie pour que celui-ci bénéficie d’un entretien exclusif que Mo Farah prétend mener à cœur ouvert.

Mo Farah ne critique jamais Alberto Salazar

L’athlète y multiplie les déclarations surprenantes, admettant avoir menti au sujet de ses liens avec Jama Aden, ou avoir exagéré en traitant la presse britannique de raciste. Mais Mo Farah fait l’erreur de nouveaux mensonges, réfutant par exemple son utilisation de L-Carnitine, ou encore se transformant en victime de l’affaire Salazar, au nom de la perte de nombreux contrats de partenariat.

Pourquoi ne pas avoir quitté Alberto Salazar plus tôt ? Mo Farah soutient n’avoir pas été alerté de manière officielle sur les actes délictueux du coach. Encore un mensonge, puisque Ed Warner, l’ancien président de la Fédération Britannique d’Athlétisme, vient d’affirmer à la BBC l’avoir incité dès l’été 2015 à quitter l’Oregon.

Malgré ses dénégations, Mo Farah apparaît faire corps avec son ancien entraîneur, critiquant de manière très offensive Kara Goucher et Steve Magness, les deux athlètes qui ont été les lanceurs d’alerte auprès de l’USADA pour l’enquête Salazar. Sans jamais par contre émettre la moindre critique contre Alberto Salazar, pourtant taxé maintenant à la fois de dérives dopantes, et de faits de harcèlements moraux…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand