Mehdi Frère apparaît dans la liste des sélectionnés olympiques publiée ce dimanche 7 juillet par la FFA. Mais sur le mail adressé à la presse, son nom est suivi d’une discrète étoile rouge qui indique que la sélection est faite sous condition. Ceci en raison de sa suspension provisoire notifiée début juin par l’Athletics Integrity Unit en raison de manquements aux règles de localisation. L’imbroglio est total !
C’est une situation très rare (unique ?) que connaît Mehdi Frère, suspendu provisoirement début juin, intégré dans l’Equipe de France pour les JO de Paris, mais sous réserve que cette suspension provisoire soit levée.
C’est à la fin avril qu’avait débuté l’affaire Mehdi Frère avec la mise en cause par l’AIU qui lui demandait de justifier son 3eme manquement sur les règles de localisation imposées aux athlètes du groupe cible World Athletics et Afld.
À la suite, la FFA se voyait contrainte de repousser l’annonce officielle de l’équipe masculine de marathon prévue au mardi 14 mai.
Début juin, l’AIU prenait la décision d’une suspension provisoire de Mehdi Frère à trois jours seulement du Championnat d’Europe qu’il devait disputer sur le semi marathon.
La encore une mesure rare puisque les manquements aux localisations n’exigent pas une suspension provisoire. Mais l’AIU avait utilisé une règle figurant dans ses procédures qui lui permet de prononcer une suspension provisoire en vertu de l’équité sportive.
Mehdi Frère regrettait cette situation en estimant qu’il était ainsi privé injustement du Championnat et il annonçait constituer son dossier de défense pour faire valoir sa bonne foi face à l’AIU.
Depuis le début de cette histoire, le marathonien a constamment soutenu que les manquements étaient seulement consécutifs à des retards dans ses changements de localisation, effectués trop tardivement pour l’AIU, toujours avide que les athlètes du groupe cible signalent très vite les modifications afin de pouvoir éventuellement diligenter un contrôle hors compétition.
Selon nos informations, le troisième manquement aurait été constaté en février lors du retour en France de Mehdi Frère de son stage au Kenya. Ce jour là, le contrôleur antidopage est présent à l’aéroport pour un prélèvement sur Clémence Calvin, revenant d’un stage d’un mois au Kenya, en vue de sa préparation pour le marathon de Barcelone où elle espère se qualifier pour les JO.
Le contrôleur a la surprise de voir Mehdi Frère dans le même avion alors que sa localisation sur Adams est différente. C’est ainsi que ce 3eme manquement est constaté.
Ces derniers jours, Mehdi Frère et son avocat se seraient longuement entretenus avec les membres de l’AIU pour faire valoir leurs arguments de défense.
Pour arbitrer ces situations complexes de manquements aux règles de localisation, l’AIU comme l’AFLD ont des pouvoirs d’investigation étendus qui leur permettent d’obtenir des informations bancaires ou des compagnies aériennes pour savoir si le timing présente par le sportif correspond aux éléments factuels : ainsi l’espagnol Katir a vu ses explications refusées car la date de sa réservation d’avion était très antérieure à la date à laquelle il avait modifié sa localisation sur Adams.
Autant de subtilités qui laissent place à une interprétation et qui peuvent livrer des analyses différentes. Comme dans le cas de Mouhamadou Fall, dont la relaxe par la commission des sanctions de l’Afld a été annulée par le Conseil d’Etat.
Le timing est maintenant plus que jamais serré pour que la situation soit clarifiée pour Mehdi Frère. La FFA a pris le parti d’une sélection sous condition alors même que sa procédure de sélection excluait d’intégrer un athlète en cours de procédure antidopage. Pour quelles raisons alors même qu’elle disposait de deux marathoniens qui avaient réalisé les minima ??
Analyse : Odile Baudrier
A noter que ce dimanche 6 juillet, Mehdi Frère demeure sur la liste des suspensions provisoires publiée sur le site de l’AIU.