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Dopage : Alberto Salazar mis en cause par l’USADA, réfute

Alberto Salazar se retrouve une nouvelle fois au cœur d’allégations de dopage sur les athlètes de son groupe d’entraînement. Le rapport rédigé par l’USADA après avoir entendu de multiples personnes concernées a été publié dans son intégralité par le site américain Flotrack, et les accusations à l’encontre du coach américain et de ses athlètes fourmillent. Alberto Salazar a rétorqué en réfutant en bloc, et en rappelant son credo du sport propre…

 

Salazar a V

Le rapport de l’USADA était censé demeurer très confidentiel. Mais les hackers de « Fancy Bears » en ont décidé autrement. A quelques jours seulement du meeting d’Eugene, ils ont balancé l’intégralité des 256 pages au site américain « FloTrack », et la déferlante s’est abattue une nouvelle fois sur Alberto Salazar…

Certaines parties du rapport avaient déjà été dévoilées par « Times of London », et « New York Times », mais cette fois, ce sont toutes les informations collectées par l’Agence Anti Dopage Américaine durant son enquête de mars 2016 qui sont diffusées. Et il est sûr qu’Alberto Salazar et ses athlètes ne sortent pas grandis de cette lecture…

Le Docteur Brown, aux ordres d’Alberto Salazar

Pourquoi un tel rapport ? Il fait suite à l’assignation reçue par l’USADA de la part du Bureau Médical du Texas (l’équivalent de l’Ordre des Médecins), en vue d’obtenir des informations sur les relations concernant le Docteur Jeffery Stuart Brown, et Alberto Salazar et les athlètes du Nike Oregon Project suivis par le Docteur Brown, endocrinologue à Houston. L’enquête menée par l’USADA a amené de nombreuses personnes à témoigner, toutes sous serment, ce qui donne une certaine fiabilité de leurs déclarations.

Et il en ressort un activisme forcené d’Alberto Salazar pour constamment sélectionner un produit, le détourner de son usage strictement médical, et l’utiliser à des fins d’améliorations de performances des athlètes.

La vitamine D, les hormones pour la thyroïde, la carnitine, la calcitonine, la testostérone. La liste est longue des produits que les athlètes du Nike Oregon Project ont absorbé les uns après les autres, sous la houlette du Docteur Brown, jouant aux apprentis sorciers, pour répondre à toutes les attentes d’un coach particulièrement diabolique, par la pression qu’il impose aux athlètes, créant un contexte psychologique favorable à leur accord sur certaines dérives.

L-Carnitine en dose massive

Le rapport met ainsi en évidence que plusieurs athlètes ont reçu des perfusions massives de L-carnitine, en violation des règles anti-dopage, en raison du non respect des dosages. Les perfusions d’un tel produit ne devraient pas dépasser les 50 ml en 6 heures, mais les éléments médicaux consultés par les agents de l’USADA leur permettent d’affirmer que ce dosage a été largement dépassé. Une dérive qui concerne Galen Rupp, Dathan Ritzenhein, Tara Ermann-Welling, Lindsay Allen, Alvina Begay et Dawn Grunnale.

La L-Carnitine était devenue une substance de choix pour les pratiques d’Alberto Salazar après qu’une étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Nottingham en Grande Bretagne ait révélée qu’une supplémentation en carnitine « réduisait la perception de l’effort et augmentait la capacité de travail ». Le coach US décidait de recourir à cette substance après avoir effectué un test « in vivo » auprès de Steve Magness, son assistant coach, et tour à tour, tous les athlètes allaient recevoir ces injections interdites…

La Calcitonine, hormone prescrite, et pourtant cancéreuse

La calcitonine faisait aussi partie de la panoplie des médicaments détournés, prescrits en préventif par le Docteur Brown à la demande d’Alberto Salazar pour éviter les fractures de fatigue résultant du sur-entraînement. Mais cette hormone secrétée naturellement par la thyroïde présente des risques majeurs sur la survenue du cancer. Et elle devrait en particulier être interdite pour Mo Farah, qui souffre d’une hyper-calcémie. Malgré tout, le Britannique utilise ce produit, ainsi que des doses massives de Vitamine D (83 fois la dose recommandée), ce qui est également contraire à son hyper-calcémie, comme le constate le médecin britannique Rogers en juillet 2011, qui intervient pour faire stopper ces traitements.

Des athlètes avec des taux normaux de thyroïde, mais mis sous traitements

Mais visiblement, Alberto Salazar n’a cure de l’état de santé de ses « poulains », et se préoccupe surtout de l’amélioration de leur niveau de performance. Exemple criant avec Dathan Ritzhenheim, qu’il incite à utiliser un traitement pour la thyroïde, alors même que celui-ci présente des taux normaux de THS, l’hormone stimulant la thyroïde. Et la situation est identique pour Arianna Lambie, une autre athlète, à laquelle le Docteur Brown prescrit un traitement alors que ses taux sont normaux. A la base de ces prescriptions à tout va, la conviction pour Alberto Salazar que les hormones de la thyroïde, comme Levoxyl, Thyroxine, Cytomel, peuvent permettre de booster les niveaux de testostérone des athlètes.

C’est dans cette même optique que Salazar sollicite le Docteur Brown pour qu’il prescrive des supplémentations massives de vitamine D pour augmenter la production de testostérone chez ses protégés.

Justement dans ce rapport, figure aussi le témoignage d’Alberto Salazar dans lequel il admet avoir lui-même utilisé de la testostérone à la fin de sa carrière sportive, au milieu des années 90, alors même que ce produit était et est interdit par les règles de l’anti-dopage.

Alberto Salazar nie en bloc

Le coach l’a reconnu lors d’un entretien effectué sous serment, mais quelques jours après la publication du rapport sur le site « Flotrack », il va contester formellement toutes ces allégations par une déclaration transmise à Ken Goe, le journaliste de l’Oregon News, dans laquelle il réfute en bloc toutes les informations contenues dans ce gros rapport de l’USADA.

Il affirme ainsi n’avoir jamais utilisé lui-même de la testostérone durant sa carrière, il conteste les conclusions de l’USADA sur les injections de L-carnitive, et souligne avoir exigé des athlètes du NOP qu’ils évoluent selon les règles anti-dopage en vigueur. Et il soutient aussi avec vigueur que les droits des athlètes ont été bafoués par l’USADA par la révélation de certaines informations médicales. En insistant que les athlètes de l’Oregon Projet n’ont rien à cacher, et qu’il est un farouche partisan du sport propre…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.