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Le dopage de CJ Ujah provoque la perte de la médaille olympique du relais de la Grande Bretagne

Le sprinter britannique CJ Ujah a perdu son appel, et son contrôle positif d’août 2021 est maintenant reconnu. Avec une très lourde conséquence, la perte de la médaille du relais 4 x 100 mètres conquise par la Grande Bretagne aux Jeux Olympiques de Tokyo. De son côté, la Nigériane Blessing Okagbare positive à l’EPO et à l’hormone de croissance, a reçu une suspension de 10 ans, une sanction d’une longueur inhabituelle.

Les médias du monde entier s’agitent autour de l’affaire de la patineuse russe Kamila Valieva, autorisée à disputer les Jeux Olympiques de Pékin en dépit d’un contrôle positif remontant à décembre 2021. Mais dans l’ombre de cette histoire tragique avec cette mise en cause d’une adolescente de 15 ans, à laquelle des apprentis sorciers ont prescrit trois médicaments pour le cœur, incluant la trimétazidine, contre l’angine de poitrine, un autre cas ternit à nouveau l’olympisme, celui du sprinter britannique Chijindu Ujah.   

Avec une conséquence inédite, la perte de la médaille olympique du relais de la Grande Bretagne, décrochée aux Jeux Olympiques de Tokyo. Le sprinter CJ Ujah a perdu son appel, son contrôle positif est maintenant définitivement admis, et ses trois partenaires du relais 4 fois 100 mètres voient leur titre de vice-champion olympique s’envoler.

Il est très rare que le dopage d’un relayeur provoque a posteriori la sanction de ses partenaires de piste. D’autant que c’est justement l’échantillon prélevé après cette médaille olympique qui a révélé le dopage de CJ Ujah. Quelques jours après la finale disputée le 6 août 2021, dernier jour des Jeux Olympiques, il y sera découvert de l’ostarine, qui imite les effets des stéroïdes et du S23, également utilisé pour augmenter la masse musculaire.

Mais envers et contre tout, CJ Ujah se refuse à admettre l’utilisation de produits illicites. Même après que soient confirmées sa disqualification et la perte de la médaille olympique, il préfère soutenir que ce sont des compléments alimentaires qui ont provoqué à son insu la présence des deux substances dans son urine, sans en apporter aucune preuve probante.

Un argument facile à avancer, qui n’a nullement convaincu le Tribunal Arbitral du Sport, qui a confirmé la violation des règles anti-dopage. A charge maintenant pour l’Athletics Integrity Unit de fixer la sanction de CJ Ujah. Toutefois, à déjà 27 ans, il est probable que sa carrière s’est achevée sur cette médaille avortée, qui parachevait une succession de réussites en relais, avec un titre mondial, deux titres européens, et à titre individuel, un titre européen junior sur 100 m, en 2013. Après plusieurs saisons ternes, très loin de son record à 9’’96 établi en 214, CJ Ujah avait retrouvé la progression pour revenir à 10’’03. Un come back qu’il attribuait à une nouvelle approche de la compétition, avec surtout une séance de méditation quotidienne pour rester plus concentré, comme il l’avait expliqué dans la presse britannique en juillet dernier, juste avant les JO de Tokyo…

Blessing Okagbare, le secret et le mensonge jusqu’au bout

10 ans de suspension pour Blessing Okagbare. L’addition est lourde pour la Nigériane, doublement sanctionnée. Avec 5 ans pour ses deux contrôles positifs. Et 5 ans de plus pour son refus de coopérer avec les autorités anti-dopage.

Mais Blessing Okagbare n’a pas varié d’un iota dans son attitude face à son double contrôle, l’EPO découverte dans son échantillon de juin 2021, et l’hormone de croissance, dans celui de juillet 2021.

Au contraire, la sprinteuse n’a pas joué la carte de l’honnêteté même si les éléments découverts par l’enquête menée par le FBI démontraient son activisme pour obtenir des produits auprès du Docteur Eric Lira, naturopathe du Texas et accusé par le FBI d’avoir participé au dopage des plusieurs athlètes en vue des Jeux Olympiques de Tokyo.

Mais sur un plan strictement juridique, l’AIU n’a en réalité pas pu utiliser ces preuves réunies par le FBI après l’analyse de son téléphone saisi lors de son retour aux Etats-Unis depuis les JO de Tokyo. C’est ainsi qu’à date, l’identité de « l’athlète N°2 » qui était apparu dans les messages découverts par le FBI dans son téléphone, à la recherche de produits dopants auprès d’Eric Lira, semble encore inconnue de l’instance anti-dopage.

Au contraire, l’AIU a reçu un véto formel de Blessing Okagbare pour lui mettre à disposition son téléphone et ordinateur. Et cette obstination a pesé très lourd après du Tribunal Disciplinaire, qui a repris à son compte l’argument de l’AIU, que le refus de coopération de la sprinteuse empêchait l’instance de découvrir d’autres violations des règles anti-dopage de sa part, mais également les violations commises par d’autres athlètes.

En final, le tribunal disciplinaire a adopté une position dure contre cette attitude, avec une deuxième sanction de 5 ans, qui signifie évidemment la fin de la carrière de la sauteuse-sprinteuse de 33 ans. Cette double peine vise aussi à envoyer un signal fort à tous les athlètes utilisateurs de produits interdits. Blessing conserve la possibilité d’un appel de cette décision devant le Tribunal Arbitral du Sport.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photos : D.R.