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Un nouveau cas de dopage pour un athlète du manager Rosa

La Kenyane Lucy Wangui Kabuu, deux fois finaliste olympique sur 10.000 mètres, avant de se reconvertir sur le marathon, a été suspendue pour quatre ans suite à son contrôle positif à la morphine. Il s’agit d’un nouveau cas de dopage pour un athlète managé par Federico Rosa, qui avait fait l’objet d’une enquête au Kenya avant d’être relaxé.

 

ROSA TRIBUNAL 2

Lucy Wangui Kabuu. Voilà un nouveau nom à ajouter sur la longue liste des athlètes contrôlés positifs, et managés par le Docteur Federico Rosa. Rita Jeptoo. Jemima Sumgong. Elijah Boit. Amanda Montsho. Et le plus célèbre cas s’est ajouté au printemps 2018. Avec le nom d’Asbel Kiprop, positif à l’EPO. Le demi-fondeur, à l’énorme palmarès avec trois titres de champion du monde, un titre olympique, était étroitement lié à son manager. Il avait été le premier à monter au créneau pour le défendre à l’été 2016 quand la police kenyane interpelle Gabriele et Federico Rosa. Asbel Kiprop n’avait pas lésiné alors pour clamer à tout va que Federico Rosa n’était coupable de rien, et juste victime d’une injustice. Quelques mois plus tard, la justice kenyane aura les mêmes conclusions, et Federico Rosa sortira indemne de cet épisode. Selon certaines informations, il aurait été avantagé par la précipitation des Kenyans, qui avait engagé cette affaire trop rapidement, sans attendre la constitution d’un dossier suffisamment solide pour que les tribunaux du Kenya puissent statuer en toute connaissance de cause. Et les accusations formulées contre lui dans le documentaire réalisé par l’Allemand Hajo Seppelt à l’été 2017 n’ont, elles aussi, pour le moment, débouché sur aucune action officielle. Il s’agissait pourtant de témoignages affirmant que Federico Rosa fournissait de l’EPO aux athlètes de son groupe, et payait des pots de vin au Kenya pour dissimuler des contrôles. Et déjà en 2015, Rosa Associati avait l’objet d’une suspension de plusieurs mois imposée par la Fédération d’Athlétisme du Kenya.

Pour le Docteur Federico Rosa, ces épisodes ne font plus figure que de mauvais souvenirs. Et lorsqu’Asbel Kiprop se voit mis en cause en mai 2018 pour un contrôle positif à l’EPO survenu en novembre 2017, il se fera très discret, au point de stopper toute relation avec le jeune Kenyan, sans chercher à défendre son ancien client, qui, à ce jour, bizarrement, n’a d’ailleurs toujours fait l’objet d’aucune sanction…

Lucy Kabuu accuse Federico Rosa

Avec Lucy Kabuu, de nouvelles péripéties apparaissent pour le manager italien. La marathonienne n’a pas hésité à citer son nom pour essayer de justifier la présence de morphine dans son échantillon. Comme le révèle la décision de sa suspension prise début janvier, ses premières explications transmises en juin 2018 à l’AIU le mettent directement en cause, pour l’avoir incitée à ingérer du « Lucozade » pendant le marathon de Milan. Et elle imagine que la morphine a pu provenir de cette boisson diététique…

KABUU

Lucy Kabuu inventoriera ensuite d’autres pistes pour tenter de se justifier. Celle de médicaments prescrits en mars 2018 pour une bronchite, d’autres utilisés mi-mars 2018 lors de l’extraction d’une racine par son dentiste, et elle remonte même jusqu’à des soins prodigués en octobre 2014, puis en octobre 2015 lors d’une hospitalisation. Ces éléments ne purent qu’être rejetés par la commission médicale de l’AIU, aucun des médicaments ainsi désignés ne contenant de la morphine. La marathonienne lance alors d’autres idées, toutes plus incroyables les unes que les autres. La morphine aurait été placée dans sa boisson par l’athlète partageant sa chambre. Ou encore, elle aurait été la victime d’une manipulation menée par Federico Rosa, qu’elle explicite auprès de la commission : « Vivian (Kiplagat), également dans ma chambre, avait un rhume. Alors, je pense qu’elle était positive, et qu’ils ont échangé les résultats parce que je venais juste d’intégrer le groupe de management, et qu’ils ont préféré que ce soit moi qui soit sanctionnée »… Et enfin, une ultime salve de l’athlète s’est bâtie autour d’une erreur de ravitaillement pendant la course, Lucy Kabuu affirmant avoir en fait bu le bidon de Sheila Chepkoech pendant le marathon de Milan, et ce serait donc cette bouteille qui contenait la morphine !

Autant de théories que la commission médicale n’a eu aucun mal à éliminer, pour décider en final d’une suspension de quatre ans. Mais il reste que Lucy Kabuu n’a pas hésité à pointer du doigt d’une manière très offensive son manager, le croyant même capable d’échanger des échantillons…

Renato Canova défend Lucy Kabuu et Federico Rosa

Son ancien entraîneur, Renato Canova, a tenté de calmer le feu, en intervenant sur le forum du site américain « Let’s Run » où les internautes se déversaient sur Lucy Kabuu et ses loufoqueries. L’Italien Renato Canova a tenu à resituer le parcours de cette coureuse de 35 ans, qu’il a entraînée entre 2011 et 2012, au moment de sa transition très réussie sur marathon, avec d’entrée, un chrono de 2h19’34. Avec ensuite d’autres moments plus difficiles, les blessures, un très long arrêt pour maternité, un divorce, plusieurs changements d’entraîneurs, Gabriele Nicolae jusqu’en 2015, pour l’amener finalement à évoluer aux côtés de Federico Rosa à sa reprise en 2017.

kampala renato canova

Comme à son habitude, Renato Canova a affiché une opposition ferme à l’idée que les Kenyans et Kenyanes utilisent tous des produits interdits, qui seraient, selon lui, recherchés par des coureurs de deuxième zone, et surtout pas par l’élite kenyane. L’Italien soutient qu’il est strictement impossible d’imaginer que Federico Rosa ait pu prescrire de la morphine à une marathonienne. Et que Lucy Kabuu ne serait en réalité pas une tricheuse, mais une simple victime d’une erreur inexplicable ???

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.

 

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