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Susan JeptoOo, mise en cause dans l’affaire de dopage de Nicolas Chumba

Le contrôle positif à la nandrolone de Nicolas Chumba en avril 2019 était en réalité le deuxième contrôle positif de ce coureur en France ! Il avait déjà été épinglé en avril 2016 lors de sa victoire au marathon d’Annecy. En effet, il évoluait sous une fausse identité, tantôt Nicolas Chumba, tantôt Kennedy Kipyego. Mais cette affaire ne s’arrête pas là. La marathonienne Susan Jeptooo, qui a disputé les JO de Tokyo pour la France, se voit mise en cause, de même que son mari, pour des faits liés au dopage, et également à du trafic de faux papiers. Les avocats du couple ont fait valoir le 26 novembre leur droit de réponse. (***)

Susan Jeptooo
Susan Jeptooo

C’est une très grosse affaire, qui évolue en secret depuis plusieurs années, et qui a trouvé un point d’orgue à la mi-octobre 2021 avec l’interpellation de Susan Kipsang Jeptooo et de son mari, au petit matin, à leur domicile, pour une perquisition et mise en garde à vue.

En cause, des éléments liés au dopage, mais aussi à des trafics divers, fausses identités, fausses ordonnances, faux certificats médicaux. La mise en cause concernerait surtout le mari de Susan Jeptooo, mais la marathonienne est sous pression, après une analyse urinaire, sanguine, capillaire menée dans un hôpital de Lyon le jour de son interpellation.

Selon nos informations, les enquêteurs de l’OCLAEPS seraient remontés jusqu’au couple durant leurs recherches autour de Nicolas Chumba. Ce coureur avait fait l’objet d’un contrôle positif à la nandrolone en avril 2019. A la suite d’une perquisition menée à son domicile à Roanne, où il venait de s’installer.

Kennedy Kipyego, positif en avril 2016, Nicolas Chumba, positif en avril 2019

Nicolas Chumba s’était retrouvé dans les « radars » de l’OCLAESP après qu’il ait identifié par plusieurs personnes comme le coureur dénommé Kennedy Kipyego, qui avait été contrôlé positif à la testostérone en avril 2016 au marathon d’Annecy. Il venait juste de se licencier au club de l’ASPTT Annecy. L’affaire avait alors fait du bruit parce qu’il s’agissait d’un nouveau cas d’athlète étranger licencié en France et pris pour dopage. Et aussi en raison d’une certaine confusion autour de son nom. Il avait alors reçu une suspension de 4 ans par la FFA. Mais l’AFLD la ramenait en mai 2017 à 2 ans, officiellement pour une « erreur de droit » commise par la FFA.

Kennedy Kipyego

C’est en septembre 2018 que ce Kennedy Kipyego réapparaît en France, d’abord à la Voironnaise, puis lors du marathon de Metz, qu’il remporte. Mais cette fois, il évolue sous le nom de Nicolas Chumba. Il va alors être reconnu par plusieurs observateurs, et un signalement est transmis à Michel Marle, à l’époque, responsable anti-dopage de la FFA, qui alerte l’OCLAESP.

Les choses s’emballent au printemps 2019. Nicolas Chumba vient de remporter plusieurs victoires, à Morcourt, Bourg en Bresse, Nuaillé. Le 7 avril, il termine 8ème à Tout Roanne Court, compétition organisée par son tout nouveau club, le Club Athlétique Roannais, il vient d’y signer. Le 10 avril 2019, les gendarmes de l’OCLAESP débarquent chez lui pour une perquisition. A la suite de leur enquête en cours, ou sur la dénonciation d’un autre coureur, bien connu sur St Etienne ? Les infos divergent.

Nicolas Chumba lié à Susan Kipsang Jeptooo et à son mari

En tout cas, la perquisition se conclut par la découverte de produits et de faux papiers d’identité, et quelques jours plus tard, par le résultat positif de l’échantillon prélevé avec, à nouveau de la nandrolone. Mais c’est seulement en mars 2021 que l’AFLD statue pour une suspension de quatre ans, qui n’apparaît sur leur site qu’en septembre 2021.

A l’occasion des investigations effectuées, des liens sont établis entre Nicolas Chumba et Susan Kipsang Jeptooo, et son mari. Avec en filigrane, à la fois, des aspects liés aux produits, mais aussi faux documents.

Mi-octobre, les choses s’accélèrent avec la perquisition, puis le placement en garde à vue de Susan Kipsang Jeptooo et de son mari, ainsi que de son ex-entraîneur (*), Harzouz Saadi. Des questionnements sur certaines pratiques ont été lancées. Les éléments précis demeurent à émerger.

Mais il reste que la seule marathonienne française qualifiée aux Jeux Olympiques de Tokyo en août se retrouve sévèrement sur la sellette…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.

(*) Harzouz Saadi a précisé qu’il avait interrompu sa collaboration avec Susan Kipsang Jeptooo depuis le début octobre 21

(**) Susan Kipsang Jeptoo m’a affirmé par message privé que Nicholas Chumba avait profité de son passage à son domicile pour boire un thé, pour voler son certificat médical.

(***) DROIT DE REPONSE

Le lundi 22 novembre, Maître Océane Courtin m’a transmis ce message.

Bonjour, Je suis l’avocate de Madame JEPTOOO qui m’a informée de l’article de presse sortie le 16 novembre dernier dans votre journal qui évoque une affaire de dopage.

Compte tenu des propos dans votre article, je souhaiterais avoir un droit de réponse.

Je vous indique que mon confère, Me Benoît COURTIN, se joint à ma demande en tant que Conseil de Monsieur KIPSANG.

Dans l’attente de vous lire,

Je vous prie de croire, à l’assurance de ma parfaite considération

La réponse lui a été donnée le mardi 23 novembre d’un accord pour publier ce droit de réponse.

Le vendredi 26 novembre à 19h07, Maître Courtin m’a transmis ce mail

Chère Madame,

Je vous remercie pour votre retour.

Nous souhaiterions, Me COURTIN et moi-même, rappeler suite à la parution de votre article en date du 16 novembre dernier que tant Madame JEPTOOO que  Monsieur KIPSANG sont présumés innocents dans le cadre de l’enquête actuellement en cours.

En outre, nous souhaitons également rappeler que cette enquête est soumise au secret de l’instruction. Dès lors, nous nous interrogeons sérieusement sur les informations qui vous parviennent et qui sont publiées au sein de votre journal.

Aussi, vos propos relatifs à l’existence d’un éventuel lien entre nos clients et Monsieur CHUMBA ainsi que votre conclusion sur le fait que ma cliente est « sévèrement sur la sellette » s’inscrivent en violation des principes rappelés ci-dessus.

Je vous prie de croire, Chère Madame, en l’assurance de ma parfaite considération

Océane COURTOIS

Avocat 

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