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Mouhamadou Fall défie l’anti-dopage en intégrant les Enhanced Games.

Mouhamadou Fall a annoncé qu’il disputerait le 100 mètres intégré dans le programme des « Enhanced Games », cette compétition sportive organisée en mai 2026, où les règles anti-dopage ne seront pas applicables. Le sprinter français est justement actuellement suspendu jusqu’en juillet 2026, à la suite de deux violations des règles anti-dopage. Son initiative a provoqué une levée de boucliers de toutes les instances officielles en France, et l’AFLD annonce qu’elle le soumettra à des contrôles anti-dopage.

Un ultime pied de nez à l’anti-dopage. C’est un peu à ça que ressemble l’annonce de Mouhamadou Fall qu’il participera aux « Enhanced Games » ou « Jeux de Dopés ». Dans la lignée d’un certain Fred Kerley, qui avait rallié le projet en septembre, un mois seulement après qu’il ait été notifié d’une suspension provisoire par l’Athletics Integrity Unit pour des problèmes de localisation et alors même qu’il prétendait pouvoir obtenir une relaxe.

Pour Mouhamadou Fall, ce sont deux suspensions successives qui ont mis à l’arrêt complet sa carrière de sprinter, avec au compteur sept titres de champion de France. La première avait débuté en juin 2022 et concernait également des problèmes de localisation. La seconde résultait d’un contrôle positif à l’heptaminol effectué en juillet 2023, en marge du Championnat de France d’athlétisme. Et ces deux affaires aux procédures complexes se sont soldées par une suspension s’étalant d’avril 24 à janvier 25 (9 mois pour heptaminol) puis de janvier 25 à juillet 26 (18 mois pour localisation).

Relaxé, puis sanctionné, positif, et encore sanctionné

De longs délais qui s’expliquent par la complexité des deux affaires, surtout pour les problèmes de localisation, avec d’abord une décision de relaxe prise par la Commission des Sanctions de l’AFLD, en juillet 23, puis un recours de l’AFLF devant le Conseil d’Etat qui annulait cette relaxe, en mai 24, et enfin une sanction de 18 mois en octobre 24.

Entretemps, Mouhamadou Fall avait connu ce contrôle positif qu’il a toujours soutenu dû à une contamination d’un complément alimentaire. Une thèse validée par l’AFLD mais malgré tout, la sanction était prise, au motif que le sportif est responsable de tous les produits qu’il ingère. Autant d’épisodes très mal vécus par le sprinter, et à l’automne dernier, il annonçait sa suspension par cette formule peu élégante : « Ah les poooorcs. July 2026 Bon bah… Full retour au business ».

Connaître mes limites et gagner des dollars

Cette date de juillet 2026 se rapprochait à grand train, et les informations confirmaient que le sprinter se préparait à revenir sur les pistes. Mais finalement, c’est en mai que son retour devrait s’effectuer dans le cadre des « Enhanced Games ». Pourquoi ce choix ? « Par envie d’en savoir plus sur les limites du corps humain », a-t-il expliqué à Patricia Jolly du Monde, car il considère intégrer « des essais cliniques hyperencadrés, hypersécurisés, et sous contrôle médical qui permettront d’améliorer la vie de beaucoup de gens ».

Mais également pour des raisons financières, il l’admet. Car ses contrats de partenariats se sont achevés en 2023, et il était alors question d’un contrat Nike à 180.000 euros. Depuis, Mouhamadou Fall est resté vivre à El Paso à proximité du groupe d’entraînement managé par Michael Hanany, et le style de vie qu’il distille à travers ses Réseaux Sociaux témoigne tout de même d’une certaine aisance. Les « Enhanced Games » lui ont donné des garanties financières, mensuelles et à la performance, sans qu’il n’en révèle les chiffres à la journaliste du Monde. La prime annoncée pour un record du monde est de 1 million de dollars, mais qu’en est-il pour les autres montants ?

Les sanctions contre les participants seront lourdes

Ils sont visiblement suffisamment incitatifs pour intéresser un Kerley ou un Fall, et d’autres seront certainement à venir. Il est probable que tous auront achevé leur carrière ou un lien avec le dopage, car le Comité International Olympique et les Fédérations Internationales ont affiché un discours très hostile à ces Jeux avec la promesse pour ses participants de sanctions fortes, qui ne peut que dissuader les sportifs soucieux de revenir ensuite dans le giron « normal ».

L’annonce de Fall a suscité une levée de boucliers de tous les instances officielles françaises : Ministère des Sports – Comité Olympique Français – Fédération Française d’Athlétisme et Agence Française de Lutte Anti-dopage. L’AFLD a confirmé qu’elle mettrait en œuvre des contrôles anti-dopage à son encontre durant sa préparation, et envisage également de l’intégrer à nouveau dans son groupe cible, l’obligeant ainsi à se localiser chaque jour. Le bras de fer est engagé…

  • Analyse : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.