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Les victimes du dopage en Allemagne de l’Est indemnisées

La réunification des deux Allemagnes a fêté ses 25 ans le 3 octobre et le problème du dopage dans l’ex-Allemagne de l’Est a une nouvelle fois surgi. Le Gouvernement allemand veut dédommager 1000 victimes nouvellement identifiées. Il est estimé que 10.000 personnes auraient été soumises au plan dopage bâti dans le pays.

 

Le dopage en Allemagne de l’Est s’est retrouvé au cœur des cérémonies marquant le 25ème anniversaire de la réunification de l’Allemagne, avec le choix du Ministre de l’Intérieur Allemand d’annoncer à cette occasion l’engagement d’indemniser à nouveau des victimes du dopage. En 2016, ce seront 1000 personnes qui devraient recevoir une somme de 10.500 euros.

Ines Geipel, victime du dopage en Allemagne de l'Est

Ines Geipel, victime du dopage en Allemagne de l’Est.

Elles s’ajouteront ainsi aux précédents sportifs déjà dédommagés, environ 2000, qui ont reçu 10.000 euros de l’Etat en 2002, et environ 200 indemnisés par le groupe pharmaceutique Jenapharm, en 2006.

Des sommes visant à compenser le préjudice subi par ces athlètes, souffrant fréquemment des effets secondaires des produits administrés, essentiellement des stéroïdes anabolisants, avec l’Oral Turinabol justement produit par le laboratoire Jenapharm. Le désastre s’est souvent étendu à leurs enfants, nés avec des malformations congénitales des membres.

10.000 dopés – 1500 médecins

Dans les différents sujets produits sur ce thème, un chiffre revient, celui de 10.000 personnes sujettes au dopage, dans ce programme d’Etat intitulé « 1425 », qui, à son apogée, aurait employé 1500 scientifiques et médecins avides de bâtir les protocoles susceptibles d’amener les sportifs est-allemands au sommet, et en particulier les femmes.

Dopage d’Etat, dopage de femmes, le phénomène s’avère maintenant bien connu, avec les nombreux écrits récupérés dans les archives de la STASI, ainsi que les témoignages très dramatiques des victimes de cette politique.

Le terme de victimes ne peut que s’appliquer à des sportives contraintes de prendre des médicaments présentés comme des vitamines destinées à compenser le manque de fruits dans ce pays, ou encore de subir des injections prescrites dès l’âge de 12-13 ans.

Parmi elles, Ines Geipel, ancienne sprinteuse et sauteuse en longueur, devenue le fer de lance de la lutte de ces dopés. Elle faisait partie du groupe des 32 femmes qui ont intenté une action en justice en 2000, pour obtenir ces dédommagements.

Ines Geipel fait annuler ses performances

GEIPEL 2

Ines Geipel a payé un lourd tribut au dopage, et a pris ses responsabilités d’une manière radicale, en exigeant que ses performances soient gommées des tablettes. Ainsi son nom est maintenant remplacé par une étoile dans la liste des relayeuses du club SC Motor Iena, qui avaient réalisé en 1984 le record du monde du 4 fois 100 mètres, avec 42’’20.

Une attitude courageuse, mais rare que cette revendication de disparaître des listes de performances. Et le seul moyen existant pour balayer des chronos artificiels, la Fédération allemande ayant choisi de les conserver envers et contre tout. Même s’il s’agit de records du monde…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo D.R.
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