Encore deux champions olympiques souillés par le dopage. Andrei Silnov, sacré à la hauteur aux JO de Pékin, et Natalya Antyukh, sur 400 mètres haies à Londres 2012, sont suspendus sur la base du rapport Mc Laren. Mais douze ans plus tard, est-ce que cela a un sens ?
Une tricherie qui remonte à 2008 et se voit révélée en 2020 ! Et oui, il aura fallu douze ans pour dévoiler le dopage d’un champion olympique. Entre temps, la vie s’est écoulée. Andrei Silnov, sacré en or à Pékin, a mis un terme à sa carrière après une ultime médaille, en argent au Mondial indoor 2012. Il a ensuite été candidat à la Présidence de la Fédération d’athlétisme de Russie en 2016, et il a assumé la fonction de vice-président de cette Fédération jusqu’en juin 2019. Jusqu’à ce que l’Athlétics Integrity Unit débute une enquête sur son compte…
La justice sportive est bafouée, mais une carrière dans les hautes sphères sportives lui est désormais interdite. Comme Elena Ysinbayeva, et d’autres, le sauteur avait entamé une reconversion réussie dans l’establishment russe, qui s’est vu stoppée par les informations sur son compte figurant dans le rapport Mc Laren, qui a débusqué ces athlètes russes, bénéficiaires du programme d’Etat autorisant la manipulation d’échantillons pour leur éviter d’être contrôlés positifs. Vu ses pratiques en tant qu’athlète, on n’a pas trop de mal à imaginer qu’il ne les avait pas condamnées en passant de l’autre côté.
Yelena Soboleva, déjà suspendue, et à nouveau sanctionnée
L’histoire d’Andrei Silnov ressemble à celle de tant d’autres de sportifs de Russie, et son nom apparaît sur la liste des suspendus par l’AIU le même jour que trois autres compatriotes. Une livraison tout de même impressionnante, elle comporte une autre championne olympique, Natalya Antyukh, qui avait obtenu, elle, l’or en 2012 sur le 400 mètres haies. Mais pour elle aussi, à quoi rime cette annonce alors qu’elle a maintenant 38 ans, et a disparu des stades depuis 2016 ?
Les deux autres athlètes sanctionnées sont d’autres retraitées, la lanceuse de marteau, Oksana Kondratyeva, et la spécialiste du 1500 mètres, Yelena Soboleva. La vice-championne du monde en salle de 2006 avait déjà été suspendue en 2007, jusqu’en 2011. Elle se voit à nouveau mise en cause, par le Rapport Mc Laren, et également par un retesting de son échantillon du Championnat du Monde 2007. Une démarche bizarre puisqu’elle avait déjà perdu sa médaille d’argent de ce Mondial 2007 suite à sa première suspension décidée pour une falsification d’échantillon.
Bref, bis repetita, des cas qui se répètent encore et encore, un imbroglio de tricheries et une justice tellement tardive. D’autant que le quatuor a décidé d’un bel élan de faire appel au Tribunal Arbitral du Sport pour obtenir gain de cause !
En Angleterre, le cas Silnov sonne de manière très particulière. Si sa médaille d’or de Pékin lui était retirée, elle reviendrait à Germaine Mason. Mais le sauteur britannique est décédé en 2017 dans un accident de moto. Ce serait alors une médaille décernée à titre posthume….
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.