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L’entraîneur et ex-président du CA 78, David Godart, interdit d’entraîner à vie

David Godart vient de recevoir une interdiction d’entraîner à vie décidée par la Direction Départementale de la Cohésion Sociale des Yvelines. L’entraîneur et ex-président du Club Athlétique 78 a été mis en cause en début d’année par de jeunes athlètes de son club, sur des accusations de violence sexuelle. En parallèle, une sanction disciplinaire fédérale a été prise, mais elle fait l’objet d’un appel. La justice suit également son cours, avec une enquête préliminaire décidée par le Parquet de Paris.

Une interdiction d’entraîner à vie. C’est la décision qui vient d’être notifiée par la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (ex Jeunesse et Sports) des Yvelines à David Godart, mis en cause en début d’année par des athlètes pour des faits de violence sexuelle. Une information transmise, entre autres, à la LIFA, et confirmée ce jour par son avocat, Maître Charles Thuillier. Mais l’avocat me précise qu’il a été chargé par son client de déposer un appel par un recours hiérarchique, voire un recours contentieux si nécessaire.

Cette sanction administrative est donc la première à frapper l’entraîneur. Le processus disciplinaire de la FFA demeure en cours. Là encore, Maître Thuillier a déposé un recours auprès de la commission d’appel après une décision prise par la commission disciplinaire de la FFA. Laquelle ? Le service juridique de la FFA veut en garder toute la confidentialité, pour verrouiller la procédure.

Egalement encore en cours l’instruction judiciaire menée à la demande de la Procureur de Paris. Et sur ce volet, Maître Thuillier se refuse à toute déclaration, en respect du secret de l’instruction. Tout au plus consent-il à lâcher que David Godart a été soumis à un interrogatoire de première comparution par le juge, et dans l’attente d’une nouvelle convocation, qui aura lieu à une date inconnue, compte tenu des vacances judiciaires et du ralentissement de la justice par la crise sanitaire.

Deux signalements effectués auprès du Parquet

L’affaire avait éclaté en début d’année dernière, avec une très grande rapidité.  C’est en effet en seulement 48 heures que la Direction Départementale de la Cohésion Sociale avait pris la décision d’une suspension provisoire de l’entraîneur et alors président du club de l’Entente Athlétique 78.

Un empressement consécutif à des accusations portées par plusieurs jeunes athlètes, qui s’étaient ouverts auprès d’un cadre technique de la LIFA de problèmes de comportements imputés à David Godart, et de leurs difficultés à l’évoquer au sein même du Club Athlétique 78, puisque cet homme de 42 ans, lui-même athlète multi disciplines, assumait en parallèle la fonction de président.

Etait alors prise la décision par Jean Jacques Godard, le président de la LIFA, en accord avec André Giraud, le président de la FFA, de lancer un signalement auprès de la Direction Régionale de l’Ile de France, qui réagissait immédiatement avec le dépôt d’un « article 40 », auprès du Parquet de Paris.

En parallèle, intervenait également le Maire de St Germain en Laye, suite à une information reçue par un courrier anonyme. Arnaud Péricard, bien connu dans le milieu de l’athlétisme pour assumer la défense de Clémence Calvin, dans l’affaire de son contrôle anti-dopage du Maroc, réagissait, lui aussi, immédiatement, avec un autre « article 40 ». Et c’est même la numéro 2 de la Direction de la Cohésion Sociale qui appuyait le signalement à la justice.

David Godart conteste, et fait appel des décisions administratives

Les réactions des diverses instances concernées par de telles affaires allaient être très rapides. Quelques six mois plus tard, les instances sportives et administratives ont tranché, ou sont sur le point de le faire, en estimant que les faits évoqués discréditent David Godart et imposent de lui interdire tout accès au stade d’entraînement, et la poursuite de ses fonctions de dirigeant.

Un poste de président qu’il a été contraint d’abandonner dès le mois de janvier 2020, sous la contrainte de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, qui incitait à la désignation d’un nouveau bureau pour le club.

C’est maintenant Amandine Merle des Isles, qui assume la nouvelle fonction de présidente, (*) alors que Joan Medjid, 25 ans, est la trésorière du club. Deux jeunes athlètes, elles-mêmes entraînées, et de longue date, depuis 2006 pour la première, niveau départemental au pentathlon, et 2004 pour la seconde, par David Godart. Cet entraîneur avait connu un joli succès avec Joan Medjid, vice-championne d’Europe juniors sur 400 mètres haies en 2013, plusieurs fois championne de France, sur 400 et 400 haies, tout en menant des études d’ingénieur études et développement.

Aude Korotchansky quitte le club brutalement

L’autre « pépite » de l’entraîneur se nommait Aude Korotchansky, également une étudiante douée, diplômée de Sciences Po et de l’Ecole nationale de la Statistique et de l’Administration de l’Economie, et réalisant ces deux dernières saisons d’énormes progrès sportifs, sélectionnée au Championnat d’Europe de cross en décembre 2019, et avec tout récemment un chrono de 15’33’’04 pour son premier 5000 m, (qui ne pourra être authentifié car effectué dans une course mixte).

Mais la jeune athlète de 30 ans, avait demandé en début d’année une autorisation de la FFA pour une mutation exceptionnelle, en pleine saison hivernale. Elle avait ainsi contacté Jean-Jacques Godard à la LIFA, pour lui demander un soutien pour obtenir un quitus très rapide, et rejoindre le club d’Avia Club Athlétisme, et Jean-Baptiste Congourdeau qui l’entraîne depuis. A l’appui de cette requête, Aude Korotchansky avait invoqué une ambiance difficile sur le stade, sans donner de détails particuliers. Elle n’a pas répondu à mes messages.

A ce jour, demeurent inconnues les identités des athlètes qui mettent en cause David Godart pour des chefs que comme révélé en février, par l’AFP, l’enquête préliminaire qualifie de « harcèlement moral », « harcèlement sexuel » et « viol commis sur un mineur de plus de 15 ans », pour des faits susceptibles d’avoir été commis entre 2004 et décembre 2019.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.

(*) Amandine Merle des Isles n’a pas répondu à mes messages.