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Shubenkov positif ? Un nouveau problème pour la Russie

Sergey Shubenkov positif ? L’information circule dans les médias russes, et c’est un nouveau coup dur pour la Russie. Le hurdler sacré champion du monde du 110 m haies en 2015 avait fait partie de la poignée d’athlètes autorisés à évoluer sous maillot neutre de l’ANA, après la suspension de la Russie. Il avait ainsi obtenu le titre de vice-champion du monde en 2017 et 2019.

Sergey Shubenkov

La prudence s’impose. C’est en tout cas le point de vue de Maria Lasitskene et Pierre Jean Vazel. La sauteuse en hauteur russe et l’entraîneur de Quentin Bigot se rejoignent sur Twitter pour inciter à la modération face à l’annonce par deux médias russes du contrôle positif à la furosemide de Sergey Shubenkov.

Comme l’explique Maria Lasitskene : « J’ai eu envie de pleurer en l’apprenant. Mais je veux supporter Sergey. Aussi longtemps qu’il est prouvé qu’il est coupable de quelque chose, je refuse de croire aux rumeurs ». L’idée apparaît identique pour Pierre Jean Vazel, qui fustige, lui, la promptitude des médias occidentaux à croire les nouvelles venant de Russie, et qui souligne : « cela est peut-être vrai. Cela est peut-être à moitié vrai. Ou pas du tout vrai… »

Deux réactions ulcérées en phase avec le communiqué de Sergey Shubenkov, qui utilise Instagram pour réagir à cette information parle de diffamation à son encontre, inventée par « une source inconnue ». Il insiste même : « Cela n’est jamais arrivé. » Et il utilise carrément le terme de « fake news » à son sujet.

Toutefois, il consent du bout des lèvres à admettre : « En fait, j’ai reçu une lettre de l’AIU. Ce n’était pas du tout à propos de la furosemide. Je ne peux pas révéler les détails de cette lettre confidentielle pour des raisons juridiques. Je peux seulement souligner que je ne suis soumis à aucune restriction et que je m’entraîne normalement ».

L’AIU a bien écrit à Shubenkov

A l’Athletics Integrity Unit, pas question de dévoiler les détails sur le courrier adressé à Sergey Shubenkov. Mais la réponse reçue à mes questions est très explicite : « Pour quelle raison l’AIU écrit-elle à un athlète ??? »

Une manière implicite de confirmer que Sergey Shubenkov a franchi la ligne rouge. Certes, le furosémide ne compte pas à proprement parler parmi les dopants susceptibles de booster les performances, mais ce diurétique compte parmi ces médicaments utilisés comme des masquants pour des produits plus lourds.

Les mois à venir apporteront des éléments plus tangibles sur la procédure. Mais l’affaire ne peut qu’ébranler le monde de l’athlétisme avec cette mise à l’index du hurdler qui faisait partie de la petite poignée d’athlètes autorisés à évoluer sous le maillot neutre de l’ANA.

Ce sigle créé pour pallier à la suspension de la Russie par l’IAAF en novembre 2015 n’était autorisé que pour quelques personnes référentes considérées a priori comme « clean » par l’IAAF.

Sergey Shubenkov n’avait d’ailleurs pas obtenu ce « label » pour les Jeux Olympiques de Rio, et il s’en était offusqué par un long texte publié sur Facebook. Il s’y indignait de ce refus dû à un nombre de contrôles hors de Russie trop faible, 4 seulement en 2 ans, alors que les 10 tests anti-dopage réalisés en Russie ne soient pas pris en compte par l’IAAF pour évaluer son statut. Et de fustiger alors l’idée qu’il doive prouver son innocence juste parce qu’il est Russe.

Interdit de JO 2016 comme sa mère en 1984

L’histoire avait fait grand bruit, car Sergey Shubenkov se voyait ainsi privé de Jeux Olympiques, comme l’avait connu sa mère, Natalya, heptathlonienne, et interdite, elle, des JO 1984 par la faute du boycott de l’URSS de l’époque.

Les choses s’étaient ensuite arrangées pour le hurdler qui avait pu évoluer sous ce fameux sigle ANA. Mais pour son pays, les soubresauts n’ont pas manqué depuis ce mois de novembre 2015, où l’IAAF a suspendu le pays de toute compétition internationale.

Les scandales se sont succédés, entre les révélations du rapport Mc Laren, le voile levé sur les dérives dopantes érigées en système étatique, les suspensions nombreuses sur la base d’analyses rétroactives des échantillons prélevés aux JO de Londres, les difficultés à structurer une véritable agence anti-dopage russe.

Tout récemment, d’autres signaux négatifs sur les pratiques douteuses en Russie étaient apparus. Fin décembre, deux équipes juniors s’étaient retirés d’une compétition de Biathlon à l’arrivée des contrôleurs anti-dopage, indiquant que les mauvaises méthodes n’étaient peut-être pas toutes oubliées…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : IAAF
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