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La Kenyane Joyce Kiplimo licenciée en France, suspendue pour 12 ans

La Kenyane Joyce Kiplimo a été récemment suspendue par l’AFLD pour 12 ans, suite à un contrôle positif aux anabolisants lors du marathon d’Annecy d’avril 2019. La sanction est sévère, à l’image des errements de Joyce Kiplimo, déjà suspendue en 2014, qui a aussi enfreint sa suspension provisoire, et produit de faux documents médicaux. L’affaire éclabousse une nouvelle fois le club de Blois, Running 41, et l’entraîneur Claude Guillaume. La jeune Kenyane a créé avec le Français un centre d’entraînement au Kenya, qui a accueilli des coureurs français.

La rumeur avait couru fin 2019 d’un contrôle positif de Joyce Kiplimo, survenu en avril au marathon d’Annecy. Depuis cette date, plus rien n’avait filtré, et ce n’est que tout récemment que l’AFLD a diffusé sur son site la décision prise en juillet 2023 par la Commission des Sanctions.

Et c’est du très lourd, avec une suspension de 12 années ! Très certainement un record pour une décision française. Pourquoi une telle charge pour un contrôle positif normalement sanctionné de quatre ans ?

D’abord parce qu’il s’agit de la deuxième infraction de Joyce Kiplimo aux règles anti-dopage, avec à chaque fois la découverte de norandrostérone dans son échantillon. La première fois, elle avait été contrôlée au semi marathon de Yangzhou. D’office, cette nouvelle sanction devait donc être doublée.

Mais Joyce Kiplimo a aussi allègrement enfreint sa suspension provisoire en continuant à participer à de nombreuses courtes sur route, en particulier en France. Elle a ainsi disputé Marvejols Mende en 2019 et 2021, La Route du Louvre à Lens en 2021, Maroilles, Sedan Charleville, Langueux en 2019, les meetings de Carquefou et Cerizay. Elle avait aussi été présente en octobre 2021 sur le Circuit du Castellet pour une opération montée par Benoît Zwierzchiewski, de tentative de records du monde du 50 et 100 km, elle n’avait échoué que d’une poignée de secondes sur le record du monde du 50 km.

Les faux certificats médicaux, très fréquents au Kenya

Et pour aggraver encore la situation, elle n’a pas hésité non plus à falsifier des éléments du contrôle anti-dopage. Il serait question de faux certificats médicaux, établis pour justifier d’une injection faite par un médecin au Kenya. Une méthode malheureusement très répandue au Kenya par des athlètes peu scrupuleux, et débusquée depuis quelques années par l’Athletics Integrity Unit. Celle-ci mène maintenant des enquêtes fines, épaulée par l’Agence Anti-dopage du Kenya, et détecte les faux certificats d’hospitalisation ou faux médecins. L’AFLD a pu ainsi, elle aussi, établir que les éléments fournis par Joyce Kiplimo ne correspondaient pas à la réalité, et a retenu contre elle l’accusation de falsifications.

Des éléments réfutés par Claude Guillaume, l’entraîneur de Joyce Kiplimo, qui l’a accueillie dans son club de Blois depuis l’automne 2018. Elle venait alors juste de terminer sa première suspension, mais Claude Guillaume avait soutenu ne pas avoir été informé de cette situation avant qu’elle se licencie à Running 41. Il avait adopté la même attitude dans le cas de Lazarus Too, qui avait remporté le Marathon de Tours en septembre 2018 alors même qu’il était suspendu pour dopage depuis 2016.

Claude Guillaume plaide pour l’ignorance

A l’annonce de la rumeur sur le contrôle positif de Joyce Kiplimo, en octobre 2019, j’avais contacté Claude Guillaume pour en savoir plus sur sa collaboration avec la jeune femme. Il avait conservé le cap de l’ignorance et mis en cause pour le premier contrôle positif le manager de l’époque de la Kenyane.

Pour ce nouveau contrôle, Claude Guillaume se révèle beaucoup plus discret, et refuse de répondre à mes questions. Cette fois, les dates concordent pour démontrer qu’il était bien l’entraîneur de Joyce Kiplimo à l’époque de son dopage. Il a également des liens directs avec elle à titre professionnel, de part leur association dans la structure JC ITEN Training Camp. Un lieu dédié à l’accueil de coureurs à pied étrangers, pour des stages au cœur du haut lieu de l’athlétisme qu’est la ville d’Iten.

Morhad Amdouni, en stage dans le centre Guillaume-Kiplimo

C’est ainsi que Morhad Amdouni s’était installé en février 2020 chez JC Iten Training Camp. Ce stage avait alors défrayé la chronique car le marathonien avait quitté la France sans l’accord formel de la FFA. L’affaire Clémence Calvin du printemps 2019 avait incité la FFA à renforcer les règles pour les stages à l’étranger. L’équipe technique chargée de la gestion du running, formée de Christelle Daunay, Lahcen Sahli, et Jean Claude Vollmer, avait été prise de vitesse par Morhad Amdouni et son entraîneur Abderazzak Zbairi.

L’autorisation officielle avait été donnée alors que Morhad Amdouni était déjà arrivé au Kenya et installé au centre de Claude Guillaume et Joyce Kiplimo. Mais en réalité, à cette date, celle-ci était déjà suspendue depuis près d’une année….

Un peu gênant tout comme l’est ce financement des athlètes du groupe Guillaume par Benoît Zwierzchiewski, durant l’année 2021. Mais la stratégie du mensonge choisie par le clan Guillaume-Kiplimo et la grande longueur de la procédure n’ont pas permis jusqu’à cette fin d’année 2023 de connaître ces éléments. La suspension officielle prise par l’AFLD début juillet 2023 et notifiée à l’athlète et à son coach courant juillet 2023 n’a débuté qu’au 6 juillet 2023 et s’achèvera donc en juillet 2035.

D’ici là, toute activité liée au sport lui est interdite. Et toutes les primes reçues depuis avril 2019 devraient être restituées par Joyce Kiplimo… Autant de contraintes évidemment impossibles à faire respecter.

Analyse : Odile Baudrier

Photos : D.R

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