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Taoufik Makhloufi mis en cause par une perquisition à l’INSEP


Thierry Vildary a révélé dans Stade 2 que les sacs retrouvés à l’INSEP avec du matériel de perfusion et des médicaments appartiendraient à Taoufik Makhloufi. L’Algérien, triple médaillé olympique, s’y entraînait sous la houlette de Philippe Dupont jusqu’au confinement de mars.

L’information d’une perquisition à l’INSEP avait commencé à circuler vers le 8 septembre, et avait été confirmée du bout des lèvres par Florian Rousseau, directeur de la très haute Performance à la FFA, lors du Championnat de France d’athlétisme d’Albi, à la mi-septembre, comme mentionné dans le sujet paru sur spe15.fr le 1er octobre.

Une perquisition menée par les gendarmes de l’OCLAESP sur la demande de l’Agence Française Anti-Dopage, après qu’elle ait reçu l’information par des athlètes de leur découverte de sacs dans un dortoir de l’INSEP, contenant du matériel de perfusion et divers médicaments, et qui apparaissent appartenir à Taoufik Makhloufi, habitué à se préparer à l’INSEP sous la houlette de Philippe Dupont.

Taoufik Makhloufi bloqué 5 mois en Afrique du Sud

Ces sacs auraient été laissés par l’Algérien lors de son départ en stage en Afrique du Sud début mars avec Philippe Dupont, et Pierre Ambroise Bosse. Mais la crise sanitaire allait complètement désorganisé le planning prévu. Dès le début du blocage de l’espace aérien, Philippe Dupont et Pierre Ambroise Bosse avaient écourté leur séjour, pour effectuer un come-back depuis Potchefstroom. Taoufik Makhloufi, lui, avait été retardé par des contrôles sanitaires, et contraint à rester à Johannesburg, dans l’attente d’un vol de retour.

A la fin juin, le double champion olympique s’illustre sur Instagram en annonçant qu’il lui faudra 83 jours et 16 heures pour effectuer le trajet Afrique du Sud-Algérie à pied, faute de pouvoir trouver un vol. Fin juillet, dans les colonnes de « Liberté Algérie », il n’hésite pas à pourfendre les autorités algériennes pour leur manque de considération, et il les accuse de ne pas tout mettre en œuvre pour organiser son rapatriement. Quelques jours plus tard, l’ambassade de France vole à son secours, en l’intégrant dans un vol de retour pour des Français, après une escale à Paris, il revient vers l’Algérie.

Mais cette foutue crise sanitaire n’aura pas eu seulement pour conséquence pour Taoufik Makhloufi ce séjour forcé de cinq mois en Afrique du Sud ! Son retour retardé en France ne lui permet pas de récupérer les sacs déposés à l’INSEP. Début septembre, des athlètes français ont la surprise d’y découvrir des objets très surprenants, entre seringues et boîtes de médicaments en français et anglais, dévoilés en photos dans son sujet sur Stade 2 par Thierry Vildary.

Une infraction au code de la santé publique ?

L’Agence Française Anti-Dopage se voit alors alertée, et l’OCLAESP décide d’une perquisition afin d’étudier la possibilité de l’ouverture d’une enquête. Selon nos informations, l’AFLD n’aurait pas constaté que les produits découverts offraient matière à une infraction aux règles anti-dopage, même s’ils sont souvent utilisés par les sportifs dopés pour procéder à la dilution de leur sang, afin d’y éliminer les traces d’EPO.

Mais les gendarmes de l’OCLAESP qui ont, eux, la possibilité de constater des infractions selon le Code du Sport, comme de la Santé Publique, lançaient une analyse des médicaments découverts. Et le pôle santé du Parquet de Paris, lui, décidait de l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Voilà donc Taoufik Maklhloufi très égratigné par ses révélations, sans qu’il ne prenne la peine de répondre aux appels ni de Thierry Vildary, ni aux miens. L’affaire ne pourra pourtant demeurer sans conséquence en Algérie. Déjà début octobre, après le sujet paru sur spe15.fr et mentionnant la perquisition de l’INSEP, plusieurs initiés l’avaient identifié comme le possesseur de ces sacs, et le Ministre des Sports s’était ému de cette histoire.

Un séisme en vue en Algérie

Cette fois, il sera difficile de ne pas la prendre en compte alors que Taoufik Makhloufi devrait formaliser dans les jours à venir son programme d’entraînement et de compétition pour les Jeux Olympiques de Tokyo afin d’obtenir le maintien de sa dotation olympique. Mais déjà la rumeur court en Algérie, qu’il pourrait invoquer une blessure lui interdisant la poursuite de sa préparation.

Taoufik Makhloufi sera-t-il ainsi contraint à sortir par la petite porte pour boucler une carrière marquée par les coups d’éclat sensationnels ??? Comme en 2012, aux JO de Londres, où quasi-inconnu alors, il crée un premier séisme par sa course explosive sur le 1500 mètres pour y décrocher l’or. Comme en 2016, à Rio, où il obtient une double médaille d’argent, sur le 800 m et le 1500 m. Et comme en 2019, où après deux années entièrement blanches, en 2017 et 2018, et un retour très terne à la mi-juillet, il réussit à conquérir la médaille d’argent au championnat du monde de Doha sur 1500 mètres. Visiblement Taoufik Makhloufi connaissait la bonne recette pour être prêt au bon moment et décrocher des médailles très bien récompensées en Algérie.

Philippe Dupont égratigné par l’affaire

C’est avec Philippe Dupont qu’il collaborait lors de ses réussites de Rio et Doha, à la faveur d’une convention signée par le coach avec le Comité Olympique Algérien. L’affaire ne sent pas très bon pour l’entraîneur national du demi-fond français, qui avait traversé dans le passé une sinistre affaire de dopage avec Ali Saidi Sief, contrôlé positif à la nandrolone en 2001 en finale des Mondiaux d’Edmonton sur 5000 m, alors qu’il était entraîné à Angers par Philippe Dupont. Et selon les premières informations sur le cas Makhloufi, Philippe Dupont aurait manifesté sa désapprobation au signalement par les athlètes de la découverte de ces sacs litigieux. Mais le secret défense n’a pas tenu….

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Gilles Bertrand et T.M.

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