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A Doha, Tamgho pleure, Pichardo rit

Teddy Tamgho submergé par l'émotion après son saut victorieux à Moscou en 2013

Teddy Tamgho submergé par l’émotion après son saut victorieux à Moscou en 2013

Quel concours de triple saut à Doha pour l’ouverture de la Diamond League avec deux sauteurs à plus de 18 mètres, Pedro Pablo Pichardo le vainqueur avec 18,06 m et Christian Taylor avec 18,04 m. Dans ce concours, Teddy Tamgho se blessait gravement, victime d’une rupture du tendon d’Achille.

 

Pedro…Pablo…Pichardo, son nom sonne comme trois impulsions. Pedro…Pablo… Pichardo, son nom résonne comme trois sauts. Pedro Pablo Pichardo, pas encore de surnom, pas encore de petit nom, mais déjà dans l’admiration.

Teddy…Tamgho, son nom sonnait comme un pas de danse. Teddy Tamgho, son nom résonnait comme une transe. Teddy Tamgho, sans surnom, ni petit nom, a quitté la danse.

P.P. Pichardo domine désormais le triple saut mondial

P.P. Pichardo domine désormais le triple saut mondial

Un concours comme un contest, un concours comme un breaker mortal kombat. Tamgho à terre, Pichardo dans l’atmosphère.

Meeting de Doha, quatrième saut pour Teddy Tamgho. Un pincement, une douleur, une déchirure. Un secouriste, un médecin, une ambulance. Un bandage, de la glace, une civière. Tamgho transporté dans l’urgence pour une opération d’urgence. Diagnostic, rupture du tendon d’Achille. Un tweet pour l’annoncer, le désespoir, l’amertume. Tamgho à terre. Encore. KO pour toujours, peut-être ?

Teddy Tamgho avait purgé une double peine. Une blessure grave, une fracture au tibia, l’opération, la rééduc, une saison blanche  puis un an de suspension pour trois no show. Pas tout à fait la disgrâce, car le tripleux n’est pas lâché par sa fédération qui veut croire en des négligences. On le voit ici et là comme un ambassadeur, comme un grand frère, comme un coach. Il ne quitte pas sa famille, il attend son retour prévu le 18 mars 2015.

Ce fut le plus souvent le chaos, le brûlot, le cachot.

Son retour est correct, une reprise à 16,78 m à Eaubonne le 21 mars, c’est aussi bien que sa rentrée en 2013 à Bron,  puis 16,74 m la semaine suivante dans la même salle. Un concours à Des Moines à oublier, temps pourri, saut pourri, 16,27 m alors que le vent souffle fort dans les épaules et enfin Doha pour retrouver le grand ring. Au troisième round, Tamgho frappe 17,24 m. Etait-ce son dernier saut d’une carrière de haute fragrance et souvent d’errance ?

2010, la montée en puissance avec ce titre de champion du monde en salle à Doha et un saut à 17,90 m. Puis blessé et opéré en  2011.  2012, une année blanche. 2013, la résurrection et ce titre de champion du monde à Moscou avec un saut à 18,04 m. Fin 2013, blessé et opéré à nouveau. 2014 une année de suspension. Sans oublier cette affaire de justice qui éclate fin 2011, le tripleux accusé de violence sur une athlète. Lors de ces cinq dernière années, sa carrière ne s’est pas écrite d’une plume tendre et déliée. Ce fut le plus souvent le chaos, le brûlot, le cachot.

P.P Pichardo a le tempérament, la classe, la technique, tout pour réussir

P.P Pichardo a le tempérament, la classe, la technique, tout pour réussir

Il ne lui manque plus qu’un surnom, l’Aigle Royal ? Pour dévorer le Goéland !

Les larmes de Tamgho, les rires de Pichardo, un scénario connu avec en résonnance le désespoir et l’espoir. Combien d’athlètes ont ainsi quitté la lumière, happé dans le ventre des stades pour laisser champ libre ? Dans ce pré carré, au milieu du sillon, le Cubain Pedro Pablo Pichardo en trois sauts a pris position avec cette marque profonde mesurée à 18,06 m. Quatrième homme au-delà des 18 mètres et troisième au bilan mondial derrière Kenny Harrison, 18,09 m à Atlanta en 1996 et Jonathan Edwards  et ses 18,29 m de à Göteborg en 1995. Un record vieux de 20 ans que l’on voit déjà tomber avant que le Goéland, le surnom donné au recordman du monde, n’ait le temps de se pencher sur le gâteau pour souffler les 20 bougies.

Pedro Pablo Pichardo possède la vitesse d’un Edwards et la technique d’un Harrison et d’un Tamgho, le jeune cubain se distingue ainsi. Il ne lui manque plus qu’un surnom, l’Aigle Royal ? Pour dévorer le Goéland !

> Texte et photos Gilles Bertrand

> Voir ci-dessous la vidéo du saut de P.P. Pichardo à Doha