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Ryan Hall : Dieu m’a ordonné de prendre ma retraite

Ryan Hall à Houston en 2012 lors des Trials pour les J.O. de Londres

Ryan Hall à Houston en 2012 lors des Trials pour les J.O. de Londres

Miné par les blessures et des états de fatigue extrême, Ryan Hall l’ange blond du marathon américain, a décidé de prendre sa retraite. A 33 ans, celui qui allait réaliser 2h 04’58’’ à Boston en 2011, se retire pour se consacrer à sa foi religieuse, à sa famille, il vient d’adopter quatre enfants en Ethiopie et à la gestion de sa Fondation dont la mission est de lutter contre la misère en Afrique. 

 

« Je suis arrivé à un point dans ma carrière où Dieu m’a dit de prendre un autre chemin. Je veux juste être un bon mari, un bon père, un bon entraîneur « . C’est en ces termes que Ryan Hall a annoncé la fin de sa carrière à l’âge de 33 ans.

Le marathonien le plus populaire des Etats Unis ne souhaitait pas faire durer plus longtemps le suspens. Il ne sera pas à Los Angeles le 13 février prochain au départ des Trials qualificatifs pour les J.O. de Rio de Janeiro. Son corps, son esprit ont dit non, Dieu aussi.

Au terme d’une carrière longue de 20 ans, le marathonien le plus rapide des Etats Unis, 2h 04’58’’ réalisé à Boston en 2011, s’est rendu à l’évidence. Il ne pouvait plus supporter les charges d’entraînement nécessaires pour lutter au plus haut niveau mondial comme ce fut le cas pour ce Californien, sélectionné deux fois pour les J.O., vainqueur des Trails en 2008 et dixième aux J.O. de Pékin cette année là. Déjà l’an passé, suite à son abandon lors du marathon de Los Angeles en mars 2015, il ne cachait pas à la presse américaine, souffrir de problèmes hormonaux récurrents expliqués par des niveaux de testostérone chroniquement faibles, provoquant des états de fatigue extrêmes. Des traitements de rééquilibrage pouvaient être envisagés, autorisés sur un plan thérapeutique, mais que lui même assimilait à du dopage. Entre conscience et pragmatisme, il refusait ainsi de franchir la ligne rouge pour rester fidèle à des principes moraux et religieux.

Ryan Hall avoue s’entraîner selon sa foi, selon les conseils et les ordres reçus de Dieu

Car la foi a dicté la carrière sportive de cet étudiant graduate de Stanford, la célèbre université de Palo Alto. Meilleur marathonien américain depuis 2007, recordman des Etats Unis sur semi-marathon avec 59’43’’, 2h 06’17’’ à Londres en 2008, l’attention des médias redouble lorsque Ryan Hall avoue s’entraîner selon sa foi, selon les conseils et les ordres reçus de Dieu, dans la lumière de ses prières. Ryan Hall jette au bûcher plans d’entraînement d’une extrême rigueur et programmations méthodiques pour une préparation « spirituelle » qui laisse sceptique toute la communauté du running. Sauf que les résultats sont là pour valider la méthode, 2h 04’58’’ à Boston en 2011 puis second des sélections américaines pour les J.O. de Londres en janvier 2012 à Houston.

Mais la machine s’enraye. Certes, la foi lui permet de supporter ces excès de fatigue extrêmes, puis les blessures, puis les longues périodes de doute, les abandons aussi, comme aux J.O. de Londres en 2012, frustrant et déprimant, mais Ryan Hall doit se rendre à l’évidence, son corps qui encaisse jusqu’à 100 miles par semaine depuis quinze ans, ne lui permet plus de vivre glorieusement de cette passion. La décision est douloureuse à prendre, une nouvelle fois, son engagement religieux l’aide à tourner la page : « Je me suis rendu compte qu’il était temps d’arrêter, pour finalement être satisfait et décider que ma mission était accomplie » déclarait-il au New York Times, sans dissimuler une profonde tristesse et une certaine mélancolie.

Foi, Famille, Fondation, la nouvelle vie de Ryan Hall

Ryan Hall s’est ainsi retiré à Redding, au Nord de Sacramento, en Californie. Pour être au plus proche de sa communauté religieuse, une église évangéliste et pour assumer le rôle de père modèle qu’il veut être auprès de ses quatre enfants d’origine éthiopienne, adoptés auprès d’un orphelinat d’Addis Abeba en octobre 2015. Quatre filles âgées de 5 ans à 15 ans qui ont rejoint le foyer familial de ce jeune couple. Toujours dans cet entretien accordé au New York Times, Sarah, l’épouse de Ryan déclarait : « « Nous les avons rencontrées et sommes tombées amoureux. Nous avons décidé d’adopter les quatre filles en une semaine.  Ce fut un acte de foi. Les enfants plus âgés ont du mal à trouver des foyers et il est encore plus difficile pour eux de rester ensemble. Nous leur avons demandé si elles voulaient rejoindre notre famille, et ils ont tous dit oui.  »

Ryan Hall souhaite également s’engager encore plus dans une fondation que lui et son épouse ont créée « The Hall Steps Foundation » pour lutter contre la pauvreté en Afrique. Des actions ont ainsi été menées au Kenya, au Sénégal, au Mozambique selon un principe simple pour collecter des dons, celui de vendre des dossards humanitaires à l’occasion des grands marathons américains. En novembre dernier, Ryan Hall vendait ainsi des packs à 3000 $ à l’occasion du marathon de New York pour financer un projet d’alimentation en eau potable en Ethiopie.  Ryan Hall reste ainsi dans la course, l’engagement d’une vie pour  un marathon sans fin.

> Texte et photos : Gilles Bertrand

A l'arrivée du marathon de Houston, Ryan Hall second, attendu par Meb Keflezighi le vainqueur des Trials

A l’arrivée du marathon de Houston, Ryan Hall second, attendu par Meb Keflezighi le vainqueur des Trials

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