l’athlète marocain Reda Jaafar licencié à Amiens a été contrôlé positif à l’EPO. Il a été suspendu à titre provisoire par l‘AFLD. Il risque une suspension de 4 ans.
Reda Jaafar, ce n’est pas un coureur de la carrure d’un Othmane El Goumri tombé pour dopage sous les couleurs de l’AC Alès en décembre 2016 et qui pollua le France de cross en 2014 puis en 2016.
Mais pour autant, ce coureur d’origine marocaine, s’est forgé un petit palmarès de niveau national. Il s’est en effet illustré à deux reprises au France de cross, à St Galmier en 2017 troisième (mais hors classement championnat) puis septième en 2018 à Plouay et avant cela 12ème aux Mureaux cette fois sur le cross court lors de sa première saison 2014 – 2015) sous les couleurs de l’UC Amiens.
Car ce jeune coureur spécialiste du 1500 m avec un record personnel à 3’42’’31 (meeting de Oordegem en Belgique en mai 2017 sources FFA mais également 3’40’’42’’ sources IAAF en 2016 au meeting de Bruay La Buissière) et auréolé d’une médaille d’argent aux Mondiaux Universitaires de cross country obtenue en 2016, a le profil pour intéresser un club français chassant les points aux Interclubs et au France de cross. Après avoir hésité un temps à intégrer le club d’Aix les Bains (source presse locale), c’est donc l’Amiens Université Club qui lui ouvre ses portes, ce que confirme son président Bruno Dilly : « je n’ai plus vraiment souvenir, mais je pense que c’est lui qui nous a contactés. Il cherchait une aide pour progresser. On lui a fait confiance. Il avait une très forte motivation, on sentait bien que la course à pied, c’était toute sa vie ».
Après des saisons irrégulières, l’année 2019 semble à nouveau lui sourire. Une seule course à son tableau de chasse mais quelle démonstration que cette belle cavale en solitaire lors des pré-France de cross disputés à Soissons le 17 février. Il s’impose avec caractère devant François Leprovost licencié au même club, loin derrière, à 35 secondes. Ce jour là, Reda Jaafar coupe le ruban en tirant sur la bretelle de son maillot et en pointant fièrement du doigt le logo du club.
Et depuis cette date, rideau. Contacté le 11 avril, Christophe Gibon très impliqué dans la vie du club d’Amiens, expliquait, sur la défensive, que cet athlète était en ce début de printemps absent pour causes de blessures et qu’il serait de retour très prochainement tout en précisant qu’il ne tenait jamais compte des rumeurs, très méfiant sur la divulgation de telles infos sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, la vérité tombe sur ce silence pour des raisons que nous soupçonnions. Ciblé pour se soumettre à un contrôle anti dopage, celui-ci se révélait positif à l’EPO (le lieu de ce contrôle est encore incertain, il semblerait que cela ne soit pas à l’occasion des Inters de cross comme supposé dans un premier temps – Reda Jaafar par messagerie confirmait ce jour que ce contrôle avait eu lieu juste après son accident (date exacte à confirmer), victime d’une agression dans le quartier de la Devèze à Béziers occasionnant une hospitalisation. C’est en reprenant la course après sa convalescence qu’une fracture à la jambe était détectée).
Le club d’Amiens n’est pas à son premier cas de dopage, le plus cuisant fut celui de Bertrand Moulinet en avril 2015, Bruno Billy n’élude pas la question sur cette problématique à recruter des coureurs qui ne s’intègrent pas vraiment au club « : « Nous avons avec nos athlètes un contrat de confiance. Il est vrai que c’est peut-être plus facile de juger si on a l’athlète sous la main au quotidien. Mais effectivement qu’ils soient proches ou lointains, on peut se tromper ».
Reda Jaafar, en conflit avec le club de Béziers
Reda Jaafar qui a fait de la France son pays d’accueil, il est marié, père de famille, vit dans une petite commune de Savoie, est semble-t-il tombé dans la précarité du sport de haut niveau. Il ne cachait pas son statut, à courir des épreuves sur route pour améliorer le revenu familial en cumulant des petits boulots.
C’est dans un tel contexte de précarité qu’il avait quitté l’an passé le club d’Amiens pour quelques mois afin de rejoindre le club du Béziers Action Sport. La presse locale le présentait alors comme le futur chef de file d’un club affichant de hautes ambitions. Le transfuge pensait alors trouver dans cette mutation vers le Sud, une certaine stabilité financière afin de poursuivre une carrière sportive de haut niveau tout en bénéficiant d’un emploi stable qui lui avait été proposé. L’expérience biterroise fut malheureuse, se terminant au Tribunal des Prudhommes à propos d’un différent sur le contrat de travail (un contrat d’insertion professionnelle de type CUI-CAE) opposant le coureur et le club, un contentieux qui n’est toujours pas jugé selon le cabinet de Maître Portes, avocat au barreau de Béziers.
Reda Jafaar encourt une sanction lourde, 4 ans d’exclusion des champs de cross et de la piste. Pour l’heure, il est suspendu à titre provisoire par l’ADLD. Pour sa défense, selon nos sources (confirmé par Reda Jaafar ce jour), il aurait fait valoir l’utilisation de produits médicaux contaminés pour se soigner (une fracture au pied survenue lors d’une agression dont il a été victime le 24 mai 2018 et qui avait nécessité une hospitalisation) sans qu’il sache le risque potentiel d’être positif. Son rêve de J.O. comme il l’exprimait dans la presse régionale, pourrait se réduire en poussières.
Nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle affaire qui aura très certainement une évolution du côté judiciaire pour établir la vérité sur ces produits contaminés.
Gilles Bertrand
Contacté par téléphone, par messagerie et par messagerie Facebook, Reda Jafaar n’a pas répondu à nos appels (avant publication de cet article.
Le lendemain de cette publication, il expliquait que son contrôle inopiné était intervenu après son accident survenu en 2018 lors de sa convalescence et non à Soissons comme précisé par erreur dans un premier temps dans cet article, erreur corrigée dans les plus brefs délais après publication.