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Mondial de cross : la France en petite délégation

Freddy Guimard
Freddy Guimard

Pour ce Mondial de cross, la délégation française était plus que réduite, avec trois athlètes seulement. Pour sa première sélection dans un tel rendez-vous, Freddy Guimard réussit une bonne performance, 72ème, alors que Emmanuel Roudolff Lévisse doit se contenter de la 99ème place, très affecté par la chaleur. Alexis Phelut, le seul junior engagé, a lui aussi souffert des conditions climatiques, terminant 71ème.

 

Veille de championnat, dans la salle à manger de l’hôtel Impérial, ça se bouscule autour du buffet, les Américains côtoient les Erythréens. Près du hall, le bar de l’hôtel est squatté par les athlètes et entraîneurs. Les Rwandais ont choisi ce lieu pour leur réunion technique, comme l’ont fait les Français. La toute petite délégation tient facilement autour d’une table ronde… Ils n’ont été que trois athlètes à obtenir leur billet pour Kampala, accompagnés par trois cadres techniques, Pascal Machat, le médecin, et une chef de délégation.pop up les crosseux

Une sélection peau de chagrin que la FFA a longuement justifiée, par le désintérêt des meilleurs crossmen et crosswomen français, entre Hassan Chahdi se concentrant sur le marathon, Christelle Daunay et Sophie Duarte sur le 10.000 mètres. Mais comme le rappelle Pascal Machat, cette orientation très light découle aussi du choix de la Direction Technique Nationale arguant que seules des équipes performantes doivent être constituées…
Un critère que la France n’est visiblement pas la seule à avoir retenu dans son approche de ce nouveau Championnat du Monde, que l’Europe dans son ensemble boude complètement. Les starts lists en témoignent, avec une seule équipe senior homme complète, celle des Espagnols, alors que le Danemark, qui organisera le Mondial 2019, a engagé 4 hommes, et c’est donc la France qui se place 3ème de ce classement, avec ses deux athlètes, Emmanuel Roudolff Lévisse et Freddy Guimard. La 4ème nation européenne, la Belgique, compte un seul athlète. Chez les femmes, l’Europe n’est présente qu’avec 3 pays, la Grande Bretagne (4 athlètes), le Danemark (2) et l’Espagne (1 seule).Ainsi à l’analyse, la France ne fait pas complètement partie des mauvais élèves européens, qui se sont progressivement détournés du Mondial de cross…

A contrario, l’implantation au cœur de l’Afrique a joué un effet de booster pour toute la péninsule, attirant 33 pays africains à Kampala. Pour un championnat d’une intensité rarement atteinte, par des bagarres fortes dans toutes les épreuves, et par l’enthousiasme délirant d’un public exubérant. Comme le dit le manager Gianni Di Madonna : « Puisque l’Afrique aime le cross et que l’Europe le boude, pourquoi ne pas toujours organiser le Mondial en Afrique ??  »

Freddy Guimard, une expérience réussie

Une ambiance incroyable que Freddy Guimard a particulièrement appréciée : « Il y avait de la foule partout. Des cris partout. » Pour son premier championnat du monde de cross, sa 70ème place le satisfait pleinement. L’objectif se situait plutôt autour du TOP 80, car il avoue : « Je n’avais aucune idée de mon niveau mondial. » D’autant qu’il se sentait moins en forme qu’au France, où il avait terminé 4ème.

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Freddy Guimard
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Freddy Guimard
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Freddy Guimard

Mais sa gestion de course s’est avérée bonne : « Je suis parti dans les 100-110. Au premier tour, je me sentais mal. Dans le 2ème tour, j’ai commencé à me sentir bien, j’ai gagné 20 places pour passer 80. Puis j’ai commencé à remonter pour être 70ème, et ensuite au sprint, 2 coureurs me passent, j’en passe 2, et me voilà 70ème ».

La chaleur ne l’a pas vraiment perturbé. Il m’explique avoir choisi une optique très originale pour s’y habituer : « J’ai couru le marathon du Médoc. Je voulais faire un effort long dans la chaleur. » Avec en filigrane pour lui, une orientation très rapide sur le marathon, il retrouvera en mai le France de marathon, pour ses débuts en 2012, à Nice, il y avait terminé 3ème en 2h20’28 ». Cette fois, il évoluera en compagnie de son compère, Romain Courcières, qui vient justement d’effectuer 2h24’ le matin même au marathon de Montauban. Et le duo a planifié une course en commun pour ce France, avec un objectif entre 2h15 et 2h17’, comme un rodage avec le grand saut, qui devrait être pour le Marathon de Berlin en septembre prochain, qu’il veut préparer spécifiquement, avec l’espoir d’un aménagement de son temps de travail pour lui permettre d’augmenter son kilométrage.

Sa course d’aujourd’hui ne peut qu’accroître son capital confiance, et Pascal Machat n’est pas le dernier à souligner sa satisfaction devant cette belle course : « Il a toujours été dynamique sur les appuis. Il fait partie de ces athlètes qui se connaissent bien ! »

Emmanuel Roudolff Lévisse, vaincu par la chaleur

Son protégé, Emmanuel Roudolff Lévisse, n’a pu connaître, lui, ce sentiment de plénitude, complètement submergé par les mauvaises sensations dues à la chaleur. Et il a connu une arrivée dans la souffrance, le corps amoindri, et le moral en berne.

Ces conditions climatiques n’étaient pas à son avantage, il le savait parfaitement, tant les températures élevées le perturbent. Surtout que cette journée du samedi était marquée par une chaleur forte, et l’absence de nuages pour filtrer.

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Emmanuel Roudolf Levisse
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Emmanuel Roudolf Levisse

A ce handicap, s’est ajouté son départ fulgurant. Dans les premiers mètres, on le retrouve dans le groupe de tête, et Pascal Machat, positionné après le départ, le pointe dans le TOP 30, à sa grande stupeur : « Je lui avais dit de s’engager, pour partir dans les 70-80. Car il visait le TOP 70. J’ai été très étonné, car c’est plutôt un gamin réfléchi et prudent. »

Emmanuel n’a pas eu conscience de son emballement du début : « Non, j’ai pris le même départ qu’au France. » Mais les repères ne sont pas les mêmes avec à ses côtés, les meilleurs athlètes mondiaux, tous avides de médailles…

Rapidement, il se rend compte que les sensations sont très mauvaises : « Je l’ai senti de suite. Je n’arrivais pas à prendre mon rythme. J’ai lâché d’un seul coup. Après un tour, mon objectif était juste de ne pas marcher. Je courais à 12, à 15, à 16, je n’en sais rien. Pour moi, le parcours était facile, et roulant, on pouvait y courir à 2’59’’-3’00’’. Mais là, mon impression est complètement faussée. »

Emmanuel finit défait, mais il ne fait pas partie des athlètes qu’on évacue sur civière, meurtris par la chaleur et l’effort.

Alexis Phelut, la course la plus difficile de sa vie

Chez les juniors aussi, les conditions climatiques ont fait leurs dégâts, pour Alexis Phelut, qui finit épuisé, et à la 71ème place, loin du TOP 50 qu’il espérait tant. Le jeune athlète avoue : « C’est la course la plus difficile de ma vie ». La chaleur et l’humidité l’ont amoindri, surtout à partir de la fin du 3ème tour : « J’ai eu un point de côté. Et jusqu’à l’arrivée, ce fut très dur ». Au point que la dernière côte s’est transformée en purgatoire : « C’était terrible. J’ai presque monté en marchant ! »

Et Alexis a aussi connu une certaine solitude en course : « Du début du 2ème jusqu’à la fin du 3ème tour, j’ai remonté, j’étais tout seul, je n’ai jamais pu courir avec d’autres personnes ».

Sa déconvenue est grande, il ne s’attendait pas à si difficile. L’ambiance de l’épreuve l’a aussi un peu décontenancée, avec ce public si enthousiaste que c’en était très impressionnant. Surtout qu’Alexis a eu évolué dans la course de l’Ougandais Jacob Kiplimo, qui s’est imposé devant son public, complètement survolté…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photos : Gilles Bertrand
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Alexis Phelut
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Alexis Phelut
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Alexis Phelut