Aller au contenu

Moins de 2 heures sur Marathon en 2017, le projet de Nike

La barrière des 2 heures sur marathon sera-t-elle atteinte dès l’année prochaine ? C’est en tout cas ce qu’annonce Nike, qui a formé dans cette optique une équipe de trois marathoniens, incluant Eliud Kipchoge, le champion olympique en titre, l’Ethiopien Lelisa Desisa, l’Erythréen Zersenay Tadese. Nike veut investir de gros moyens pour que ce trio puisse réussir ce challenge exceptionnel.

 

nike-breaking2

« Breaking 2 ». Le titre choisi par Nike est plus qu’explicite. Comme l’est la photo transmise aux rédactions du monde entier pour présenter ce projet incroyable. On y retrouve trois hommes debout devant quatre chiffres qui distillent 1 :59 :59. Ce trio se nomme Eliud Kipchoge, Lelisa Desia, Zersenay Tadese. Le premier marathonien à passer sous les 2 heures est-il parmi eux ? C’est le vœu de Nike, qui a formé plusieurs équipes formées d’experts en biomécanique, coaching, développement de matériaux, nutrition, physiologie, psychologie du sport pour le permettre.

C’est sur la lancée de ses recherches pour la création d’une chaussure de marathon spécifique que durant l’été 2014, Nike se serait décidé à former l’équipe de « Breaking 2 », afin de créer des conditions optimales pour qu’un marathonien soit capable de courir sous les 2 heures. Le projet conservé secret n’a été révélé que tout récemment au magazine « Runner’s World », puis par un communiqué de presse peu détaillé.

Selon les informations dévoilées en exclusivité à l’équipe de « Runner’s World », la tentative contre cette barrière des 2 heures serait programmée pour le printemps prochain, non pas dans un évènement existant, mais dans un marathon spécialement bâti pour cette opération.

Ce point a suscité beaucoup de réactions sur la sphère internet, et les commentaires distillés sur le forum de « Let’s Run », ou via Twitter sont peu amènes sur ce choix d’une épreuve « créée » de toutes pièces, surtout parce qu’elle va torpiller le match escompté entre Kenenisa Bekele et Eliud Kipchoge pour le marathon de Londres d’avril 2017.

Tous les espoirs reposent sur Eliud Kipchoge

Toutefois, cette critique n’est pas la principale, tant le gain à atteindre pour réussir ce challenge apparaît dantesque, avec près de 3 minutes à gommer, pour effacer la marque de 2h02’57’’ de Dennis Kimeyo. Cette progression est-elle à la portée de l’un de ces trois hommes ? On peut en douter au vu de leurs records personnels. Zersenay Tadese, 34 ans, n’est jamais descendu sous les 2h10’, son record de 2h10’41 date même de 2012. Lelisa Desisa, 26 ans, médaillé d’argent au Mondial 2015, a couru en 2h04’45’’, à Dubaï, en janvier 2013, cela fait déjà près de 4 ans. Et c’est évidemment sur Eliud Kipchoge, champion olympique en titre cet été après avoir couru en 2h03’05’’ à Londres au printemps, que reposeront tous les espoirs d’atteindre cette marque incroyable.

Est-il réaliste d’y croire ? Par un heureux hasard, un expert avait livré son point de vue sur cette question auprès de l’équipe de « Let’s Run » durant une longue interview effectuée quelques jours avant l’annonce de ce projet. L’entraîneur italien Renato Canova, conseiller pour quelques-uns des meilleurs marathoniens de la planète, avait ainsi expliqué : « Si vous prenez Eliud Kipchoge ou Kenenisa Bekele, qu’ils deviennent un peu plus forts qu’ils ne le sont actuellement, que vous les prenez sur un marathon 50 mètres en-dessous du niveau de la mer, que vous avez une voiture ou une moto comme pace-maker, que vous les autorisez aussi à prendre leurs ravitaillements comme ils le souhaitent, et non pas tous les 5 km, je pense que ce sera possible d’atteindre ce temps. Mais cette situation n’est pas celle de l’athlétisme. Si l’objectif est seulement de descendre sous les 2 heures, je pense que ce serait possible dans les 2 ou 3 ans. Mais si l’objectif est de courir sous les 2 heures dans un marathon normal, non, ce ne sera pas possible. »

A peine les premières réactions enregistrées que tombait l’information que Nike prévoyait d’organiser cette tentative sous les 2 heures dans une compétition spéciale, et non officielle. Mais il reste à savoir quels seront les autres ajustements avec les contraintes sportives classiques qu’adoptera Nike pour que ce fantasme chronométrique aboutisse ???

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : Nike