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Mohammed Aman rejoint l’Oregon Track Club

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L’Oregon Track Club Elite vient de recruter l’un des leaders du 800 mètres, l’Ethiopien Mohammed Aman, champion du monde en titre, sacré à Mocou et à Soppot. Son ambition, progresser en vitesse pour battre David Rudisha à Pékin.

 

Il s’agit d’un communiqué de presse en bonne et dû forme qui en l’espace d’une soirée s’est propagé dans les méandres de la cybertrack américaine : “Mohammed Aman intègre l’Oregon Track Club Elite”.

L’info avait fuité dès les premiers frimas via twitter. Elle est donc confirmée officiellement par la cellule communication de l’OTC.

Cette structure privée basée à Eugene dans l’état de l’Oregon se renforce d’une pièce maîtresse dans l’univers du demi-fond. Ce club dirigé par l’anglais Mark Rowland qui en fut en son temps un excellent steepler, médaillé de bronze aux J.O. de Séoul en 1998 et d’argent aux Europe de Split en 1990 tisse sa toile lentement mais sûrement. Pion après pion, chevaliers pour devenir rois, amazones pour devenir reines.

Les deux derniers en date furent le Canadien Cameron Levins médaillé de bronze l’an passé aux Commonwealth Games sur 10.000 m (lire article ici) et Mo Farah, le gros poisson, un squale dans cet incubateur de performers.

L’OTC fut lancé en 1948 sous le nom d’Emerald Empire Athletic Association.  Bill Bowerman, le célèbre coach de l’Université d’Oregon en fut l’initiateur, connu également pour avoir créé dans sa cuisine la semelle waffle destinée aux premiers modèles de chaussures Nike.  Longtemps cette structure, en étroite relation avec l’Université locale fut déterminante pour l’émergence des grands milers américains et contribua à construire une identité propre à la ville de Eugene baptisée TrackTown.

Sans embuscade,  juste frontale. A la régulière

Ce n’est qu’en 2006 que l’OTC se dote d’une structure Elite dont le poste d’head coach est proposé à Mark Rowland. Celui-ci s’entoure alors de deux entraîneurs Alberto Salazar et Jerry Schumacher qui en moins d’une décennie vont regrouper autour d’eux une vingtaine d’athlètes de niveau international dans des disciplines aussi variées que le demi fond, la base historique du groupe et le décathlon avec la présence d’Ashton Eaton portant le maillot identitaire du groupe aux couleurs vertes et noires.

Ainsi Mohammed Aman a posé ses valises dans la cité de Eugene. Jusqu’alors entraîné par Negusse Gechamo, le jeune éthiopien, il n’a que 21 ans, n’a qu’une seule ambition, une seule obsession, faire mordre la poussière au grand Rudisha dans une course à la régulière. Ses deux titres en salle (Istanbul en 2012 et Soppot en 2014) et celui de Moscou en 2013 ne lui suffisent pas. Il veut la peau de David Rudisha. Dans une finale mondiale, et Pékin, c’est demain. Sans embuscade,  juste frontale. A la régulière ? Car avec quel type de préparation ?

Originaire d’Assela, cette grosse bourgade isolée sur les hauts plateaux éthiopiens qui a vu naître une génération de coureurs d’exception dont Haile Gebrselassie, l’empereur en personne, Mohammed Aman a démystifié le 800 mètres dans un pays qui jusqu’alors n’imaginait pas qu’un coureur éthiopien puisse réussir sur deux tours de piste.   A l’automne 2009, sur la piste de Milan, on découvrait ce gamin de 17 ans qui mettait une volée au prince Rudisha, invaincu en 34 courses. La porte était entrouverte. Elle l’est toujours. A Pékin, la politesse n’existera pas.

> Texte et galerie photos Gilles Bertrand