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L’athlétisme quasi-absent des Jeux Européens de Baku

La première édition des Jeux Européens débute à Baku en Azerbaidjan. Cette manifestation bâtie comme un équivalent des Jeux Olympiques pour l’Europe n’accueillera qu’une compétition d’athlétisme très édulcorée, et aucun athlète français ne sera présent sur la piste.

Le stade olympique de Baku, avec 68.000 places

Le stade olympique de Baku, avec 68.000 places

 

Baku 2015. Premiers Jeux Européens dans la capitale de l’Azerbaidjan. Une compétition que l’Europe revendique comme des « mini » Jeux Olympiques exclusivement dédiés aux pays d’Europe. Ces Jeux Européens devraient accueillir 6000 sportifs de 50 pays européens représentant 20 sports.

L’athlétisme y figure en portion congrue, avec en lice sur la piste du « Stade Olympique » des athlètes représentent la 3ème League du Championnat d’Europe par équipes, soit la dernière division. L’Equipe de France sera ainsi absente de Baku, disputant les 20 et 21 juin en Russie la Super League de ce Championnat d’Europe par équipes. Autant dire qu’aucune star de l’athlétisme européen ne fera le voyage jusqu’à Baku.

Svein Hansen, irrité du faible niveau de l’athlétisme

Cette situation avait passablement irrité Svein Arne Hansen, le nouveau président de la Fédération Européenne d’Athlétisme, lors de sa nomination mi-avril dernier. Le Norvégien n’avait pas apprécié que M. Wirz, l’ancien président, ait accepté que l’athlétisme apparaisse ainsi dans cette compétition affaibli face à des sports ayant fait le choix de désigner des équipes de niveau international. Et Svein Hansen de soutenir qu’à l’avenir, les donnes devraient évoluer.

L’athlétisme n’aura droit de cité que pendant deux jours seulement, avec en lice des athlètes de l’Albanie, l’Arménie, l’Autriche, la Bosnie, la Macédoine, Israël, le Luxembourg, Malte, la Moldovie, Montenegro, la République de Slovaquie, et bien entendu l’Azerbaidjan. Et dire que ces délégations évolueront dans un stade olympique flambant neuf, et fort de 68.000 places !

Un budget de 9 millions d’euros, un stade de 68.000 places

Le pays n’a pas lésiné sur les moyens déployés pour cet évènement, et selon la presse britannique, le budget atteindrait 9 millions d’euros, en explosion totale sur le prévisionnel de 1.5 million d’euros. C’est le prix à payer pour la visibilité internationale tant recherchée par le Président Ilham Aliyev.

Officiellement, celui-ci, également président du Comité National Olympique, a voulu accueillir ce projet pour inciter les jeunes Azerbaidjanais à pratiquer le sport. Mais BAKU 2015 s’affirme surtout comme une impressionnante opération de relations publiques pour amener sur la scène internationale ce pays en plein dynamisme économique.

The Guardian, interdit de séjour

En parallèle, s’est bâti un mouvement fort de protestation sur la situation des droits de l’homme en Azerbaidjan, impulsé par Amnesty International. A peine l’ouverture officielle des Jeux Européens effectuée que la tension montait d’un cran avec l’interdiction d’entrée dans le pays transmise aux journalistes du quotidien « The Guardian » et à d’autres médias considérés comme trop critiques sur cet aspect.

Baku devra peut-être reconsidérer sa position à l’égard de la presse, vu ses ambitions sportives affichées pour le futur. Un grand prix de Formule 1 est déjà programmé pour 2016, et quatre matchs de foot pour l’Euro 2020. Et en filigrane, le projet d’une candidature pour les Jeux Olympiques…

 Texte : Odile Baudrier
 Photo : D.R.