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L’anti dopage mondial est inefficace

18% d’athlètes dopés et moins de 2% de contrôles positifs. Deux chiffres qui démontrent une nouvelle fois que le système de l’anti-dopage mondial ne fonctionne pas efficacement…

18% des athlètes d’endurance présents au Mondial de Daegu en 2011 et au Mondial de Moscou en 2013 présentaient des résultats anormaux de leurs prélèvements sanguins. C’est la conclusion sans appel d’une étude menée par sept chercheurs et financée par l’Agence Mondiale Anti-dopage et l’IAAF.


Le travail réalisé par Raphael Faiss, Jonas Saugy, Alix Zollinger, Neil Robinson, Frédéric Schütz, Martial Saugy, Pierre-Yves Garnier visait à vérifier dans quelle mesure l’introduction en 2011 du passeport biologique par l’IAAF avait pu modifier les très mauvaises habitudes de certains athlètes et nations.

Avec l’idée sous-jacente que la possibilité que leur dopage soit détecté par les données de leur passeport biologique incite les tricheurs à ne plus recourir aux produits interdits.

Mais comme le savent bien les spécialistes de l’anti-dopage, un athlète habitué au dopage ne sait pas pratiquer sans ses dopants…

Du coup, les chiffres sont tombés implacables : quasiment aucune diminution des échantillons sanguins anormaux n’a été constatée entre les deux championnats du monde, celui de Daegu et celui de Moscou.

Et ce sont 3683 échantillons provenant de 209 pays différents qui ont ainsi été passés à la loupe de ces experts. Car l’IAAF, partie prenante de l’étude, avait imposé que tous les participants du Mondial de Corée et de Russie soient contraints à fournir un prélèvement sanguin à son arrivée.

Les chercheurs se sont concentrés sur les spécialistes de l’endurance, (soit près de 1200) avec l’apparition de chiffres très inquiétants : 18% de paramètres sanguins anormaux, et même 22% pour les athlètes féminines. Une athlète féminine sur 5 coupable d’usage de produits interdits, ce n’est pas banal !

Certes ces chiffres apparaissent très loin de ceux de 44 % d’athlètes dopés, qui ont circulé l’année dernière, sur la base d’une enquête effectuée auprès des athlètes eux-mêmes. Avec le petit bémol souligné par les auteurs que ceux-ci, issus de 200 pays différents, et confrontés à un questionnaire inhabituel, ont pu confondre médicaments et produits dopants.


L’impunité semble la règle

Globalement, cette étude confirme d’autres éléments antérieurs, et l’Australien Robin Parisotto, expert de l’anti-dopage, a souligné que ce taux de 18% était cohérent avec ceux déjà mis en évidence en 2015 par l’étude réalisée par le Sunday Times. Le quotidien britannique avait alors obtenu par un hacker l’accès à la base de données de l’IAAF, comprenant 12000 noms. L’Australien avait fait partie des experts chargés d’analyser ces données, pour conclure à de très nombreuses anormalités, non sanctionnées par l’IAAF.

Et c’est là que le bât blesse. Tour à tour, les études livrent des pourcentages impressionnants de dopés, et pourtant, les sanctions ne suivent pas… Comme l’ont rappelé plusieurs acteurs de l’anti-dopage, ce sont seulement 1,68% des athlètes qui se voient mis en cause par l’Agence Mondiale Anti-Dopage !

C’est tellement peu. L’impunité semble bien la règle. Certains pays l’ont parfaitement compris et l’exploitent à merveille. Car l’autre information de cette passionnante recherche est la confirmation de l’énorme écart entre les pays. Avec des taux anormaux variant entre 9 et 28% ! Le dopage d’Etat est définitivement actif. Et pas seulement en Russie…

Texte : Odile Baudrier
photo : D.R.