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Hassan El Lahssini, la terrible déception de la suspension d’El Goumri

Hassan El Lahssini a évolué au niveau international sous les couleurs de l’AC Alès, il y est devenu entraîneur et depuis peu, responsable de l’équipe d’élite. L’annonce de la suspension d’Othmane El Goumri l’a profondément déçu. Après le recrutement du jeune Marocain, impulsé par Marie Claude Albaladejo, la présidente de l’époque, et Karim Tahri, le manager de El Goumri, (voir la réponse de Karim Tahri en bas article), Hassan El Lhassini effectuait le lien entre le club et l’athlète.

Interview réalisé par Odile Baudrier

 

 

Hassan Lahssini désormais en charge du haut niveau à l'AC Alès

Comment s’était effectué le recrutement d’Othmane El Goumri au sein du club d’Alès ?

Plusieurs fois, il m’avait demandé de venir au club, en 2013. Je le trouvais trop jeune. J’avais demandé à Marie Claude (Albaladejo) d’attendre un peu. Je voulais prendre des espoirs, mais qu’il confirme son niveau. Puis un jour, environ 6 à 8 mois plus tard, Marie Claude me téléphone, elle me dit qu’elle est en rendez-vous avec le manager de Mohamed Moustaoui, et Othmane El Goumri (*). Elle me demande si ce El Goumri est celui dont je lui avais parlé, comme très doué. Je lui dis oui. Elle décide alors de le signer. Je me suis renseigné auprès de son entraîneur que je connaissais bien, Salah Hissou, il m’a bien dit que c’est un jeune, qu’il s’entraîne au centre. J’avais confiance en lui. Et finalement cet été, on a su par Philippe Rémond qu’il avait un problème avec son passeport. Je l’avais joint, et il m’avait confirmé qu’il avait une anomalie sur son passeport, et qu’il était en train de voir avec la Fédération pour justifier. Lui a toujours clamé qu’il était innocent. Ce qui m’a surpris, c’est que cette suspension est due à un refus de contrôle. Ce n’est pas du tout une histoire de passeport, c’est un refus.

Tu parais très choqué par cette nouvelle ?

On est choqués. Car c’était un jeune, on croyait en lui, on croyait qu’il était propre, il était doué, on voulait l’aider. Depuis 2012, qu’on a eu des problèmes avec quelques athlètes, quand j’ai été nommé responsable des athlètes, j’ai demandé au nouveau président Daniel Pascal de complètement changer notre politique, pour protéger notre image. On voulait une équipe propre. On a fait confiance à certains athlètes, et on s’est aperçus qu’il fallait changer de politique. On ne pouvait pas arrêter le dopage, mais il fallait changer de politique, et recruter des athlètes propres. Même si on ne peut garantir personne : l’athlétisme est un sport individuel, les athlètes, on ne les voit pas souvent, on ne peut pas garantir. C’est très difficile de tout contrôler.

Tu savais depuis cet été qu’il avait des problèmes. On avait beaucoup entendu la rumeur qu’il était suspendu par sa Fédération. Quelles informations avais-tu obtenu ?

Oui, j’ai eu cette rumeur. J’ai eu Othmane au téléphone. Il m’avait confirmé qu’il avait reçu une lettre de l’IAAF. Il n’est pas sanctionné par sa fédération. Il était en train de faire un dossier pour justifier l’anomalie de son passeport. C’est ce que Philippe Rémond m’avait dit. Et il me l’a confirmé aussi. La fédération ne se prononçait pas. Il m’avait dit qu’il était en attente de réponse de l’IAAF.

Est-ce qu’il t’avait détaillé ces anomalies ?

Il m’avait parlé d’anomalies dans des paramètres sanguins. Dans le passeport biologique, on regarde les variations. Il fallait qu’il s’explique sur ces variations de paramètres d’hématocrite. Il fallait qu’il s’explique sur ses prises de sang faites pendant 2 ans ou 3 ans.

Depuis son arrivée au club, est-ce que vous lui aviez imposé un suivi ? Avais-tu vu ses prises de sang ?

Non. C’est vrai qu’on a essayé de mettre en place un suivi des athlètes avec le médecin du club. Mais non, je n’avais pas accès à ses analyses. Ce n’était pas mon rôle. A partir du moment où son entraîneur m’avait confirmé que c’était un athlète suivi au Maroc. Il était en Centre. Il se présentait toujours au contrôle. Il n’avait rien à se reprocher. C’est ce qui m’a donné confiance de le prendre. S’il avait été seul, j’aurais eu beaucoup moins confiance.

Le fait qu’il vienne très rarement à Alès, penses-tu peut-être maintenant que c’est un inconvénient dans votre système ?

Oui, mais on a des athlètes qui ne viennent jamais sur Alès, et avec lesquels on n’a jamais de problèmes. Le fait qu’il soit sur Alès ou pas, cela ne change rien. On a joué sur la confiance. La plupart des athlètes ne sont pas sur Alès. Je suis le seul qui habite sur Alès. On avait confiance. On fait confiance à l’athlète même s’il n’est pas sur Alès, il intègre les valeurs du club. Pour nous, ça ne posait pas de problème.

Est-ce quelqu’un que tu voyais de temps en temps au Maroc quand tu y allais ?

Oui. Mais depuis maintenant 3 ans que je travaillais au club, que j’ai arrêté ma carrière, je retournais beaucoup moins au Maroc, 2-3 fois par an. Je le voyais quand il venait faire des compétitions avec le club, de temps en temps quand je rentrais au Maroc. Je lui parlais plus au téléphone que je le voyais.

C’est un coup dur. Tu es surtout déçu pour le club

Oui, je suis toujours déçu quand il y a une telle décision. Nous, dès qu’on a su qu’il avait ce problème, comme il ne courait pas, le bureau, le président a décidé d’arrêter son contrat cet été entre juillet et août. On était déçus. Ca nuit toujours à l’image du club. Car on a fait en sorte que ça ne se reproduise plus. On a essayé de recruter des athlètes pour plus avoir ce problème

Est- ce que son contrat a été arrêté cet ou bien avez-vous attendu le renouvellement de la licence pour l’interrompre ?

Le contrat a été interrompu au mois de juillet, dès qu’il a été suspendu. On a décidé d’attendre. Il n’y avait pas de décision, seulement des infos de Philippe Rémond. Le bureau a décidé d’attendre. S’il est suspendu, on arrête son contrat, s’il n’est pas suspendu, on continue. Puis à partir du mois de septembre, la décision avait été prise de ne pas le garder. Même s’il était innocent.

En fait, vous auriez souhaité qu’il fasse des compétitions pour le club après le mois d’avril et il ne pouvait pas ?

Oui, il m’a dit pour l’instant, je ne suis pas suspendu, mais j’attends la réponse de l’IAAF. Quand on a su ça, on a compris qu’il avait quelque  chose à se reprocher. Et tant qu’il ne pouvait pas courir, il y avait quelque chose. Le club a stoppé son contrat en attendant la décision.

Durant ces 2 ou 3 ans, n’avais tu jamais été choqué par certains éléments de ses courses ? Dans la façon dont il gagnait, rien ne t’avait semblé anormal ?

Non, franchement non. Car sur le plan sportif, ce qu’il a fait à son âge, il y en a d’autres qui l’ont fait. Au même âge, d’autres athlètes ont gagné le Championnat de France. Rien ne m’interrogeait sur son niveau, ou me donnait des doutes. Pour moi, c’était normal ce qu’il a fait. Plein d’athlètes l’ont fait bien avant lui. Pour moi, son niveau était normal.

Espères-tu encore qu’il y ait un revirement sur cette situation puisque c’est un refus de contrôle ?

S’il a refusé un contrôle, c’est qu’il a quelque chose à se rapprocher. On ne sait pas vraiment la cause, si c’est le passeport ou un contrôle refusé. S’il a refusé, c’est qu’il a quelque chose à se reprocher. Bien sûr. Je ne remets pas en cause sa suspension. S’il est suspendu, c’est qu’il a quelque chose à se reprocher.

Comment se présente l’avenir pour toi au club d’Alès maintenant ?

J’avais déjà pris la décision de quitter le club, j’avais informé la présidence il y a une dizaine de jours, je n’ai pas d’avenir professionnel ici, et j’ai eu une proposition d’un ami au Maroc.

> Interview réalisé par Odile Baudrier

> Photo : Gilles Bertrand

(*) Le manager en question serait Karim Tahri. Information vérifiée auprès de deux sources. Marie Claude Albaladejo, contactée, n’a pas répondu à notre appel et message. Karim Tahri, questionné par FB puis par mail selon les consignes qu’il m’a données, n’a pas répondu à mes questions précisant le contexte de ses relations avec Moustaoui et El Goumri.

Par un mail reçu ce mardi 6 décembre à 10 heures, Karim Tahri conteste cette information. Voilà sa réponse

« Bonjour Odile,

Je suis surpris et étonné de votre email et ainsi de vos questions qui ne me concerne en aucun point.

Je n’ai jamais était manager de quelques athletes que ce Soit de prêt ou de loin, et encore moins avec le club d’Ales Cévennes Athlétisme.

Jai effectivement des relations très amicale avec le couple Albaladéjo, et ce depuis de nombreuses années et je trouve assez décevant votre attitude de les associer systématiquement à des faits de tricherie.

Ce sont des membres de comité comme tant d’autres, ils représentent le club et ses valeurs et s’efforcent de maintenir une image de force et d’honneur.

D’autres part je n’ai aucune relation avec Othman Elgoumri. Celui ci est en relation avec un autre membre du club.

Parcontre, Pour votre information Mohamed Moustaoui est un ami. 

En espérant avoir répondu à vos questions.

Je vous invite à vérifier mes dires avec les personnes concernés.

Je me permets juste de vous signaler, qu’il est important de vérifier vos sources quand l’ on fait un travail d’investigation.

Bien cordialement 

Karim Tahri 

PS: désolé de vous répondre un peu tard je suis actuellement à letranger et ma connection est très faible mais je tenais néanmoins à vous répondre . »