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Hassan Chahdi, de Guiyang à St Maur

Hassan Chahdi n’a pas poursuivi sur sa belle lancée pour le Championnat du Monde de cross, où il abandonne. Et déjà, il tourne son esprit vers St Maur et le France de 10.000 mètres.

 

Hassan Chahdi

Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que ses jambes étaient bien trop lourdes pour avoir la moindre prétention dans ce Mondial, où il ne voulait surtout pas faire de la figuration. Il n’était pas question pour Hassan Chahdi de finir comme lors du dernier championnat d’Europe, à la 39ème place. Les foulées plombées par l’acide lactique, il a préféré stopper et renoncer à ses ambitions.

Ce pari paraissait tellement fou, d’enchaîner semi-marathon et Mondial de cross en l’espace de trois semaines. Mais son hiver avait grisé Hassan, ces victoires qui se succèdent, dans une frénésie positive qui laisse à penser que tout est possible.

Hassan et son entraîneur Jean-Claude Vollmer avaient beaucoup tergiversé pour prendre cette décision d’enchaîner, et tour à tour, ils avaient douté, nous avait expliqué le coach quelques jours avant le Mondial. La décision prise, il fallait l’assumer, même si dans l’avant dernière semaine, Hassan était très entamé physiquement.

Le marathon, sans doute, mais quand ?

Le duo avait déjà commencé à échafauder des scénarios d’après Mondial. Et ils n’étaient pas les seuls… Sa grosse performance sur semi-marathon suscite l’envie de le voir se tester sur le marathon, d’autant plus que les Jeux de Rio se rapprochent, et que les esprits s’échauffent.

Le pragmatique Jean-Claude Vollmer livrait son commentaire : « Tout le monde le voit déjà sur marathon. Moi, je calme les ardeurs. On peut être bon sur semi-marathon avec un entraînement de 10.000 mètres, mais on ne peut pas réussir sur marathon avec un entraînement de 10.000 m. »

Après 30 années passées à disséquer l’athlétisme de haut niveau, il n’oublie pas non plus une certaine vérité : « J’ai connu trop de bons coureurs de semi et de 10.000 m qui ne sont pas passés sur marathon. »

Même s’il admet aussi qu’Hassan Chahdi lui a réservé une très belle surprise au semi-marathon de Paris, il ne l’attendait qu’en 1h03’, il a fait mieux de 2 minutes. Et le technicien d’analyser : «Il est arrivé à l’INSEP avec moi, il n’avait jamais fait de 10.000 m piste ou de 10 km route. On a commencé les deux. J’ai vu de suite que la route lui plaît. Il a une qualité dynamique qui colle bien. Il répond mieux sur la route que sur la piste. »

Et il avoue même qu’une séance longue sur piste se transforme en enfer pour Hassan, comme pour lui, au point qu’il a adapté la méthode pour effectuer ces séances en nature.

Adaptation, c’est le maître mot de leur relation, qui a permis à Hassan de se relancer après ses saisons blanches. A la faveur aussi d’un travail à 3 en compagnie de Bryan Cantero et de Morad Amdouni, avec lesquels il partage certaines séances. Un cadre plus motivant, qui leur permet de s’épauler à tour de rôle, et également très positif pour le mental.

Le mois de Mai à Capbreton

Tout le mois de mai, Hassan devrait retrouver une certaine solitude, à Capbreton, où il s’installe pour son stage d’ergothérapeute, et que Jean-Claude Vollmer envisage comme une période de test, pour définir les plans de l’avenir.

Mais tout de même, l’entraîneur demeure fidèle à ses principes de base. Cela passe par le 10.000 mètres : « Ce sont des repères qui fonctionnent bien sur toutes les distances. Je les utilise comme indicateur pour bâtir les séances. »

Justement, le Championnat de France de 10.000 mètres leur tend les bras, le 29 avril à St Maur. Et à peine sa course prématurément achevée, qu’Hassan tournait déjà son esprit vers ce lieu mythique de l’athlétisme français.

> Texte : Odile Baudrier

> Photo : Gilles Bertrand