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Dopage : une nouvelle sanction pour le Bahrein, avec Sadik Mikhou

Le dopage s’invite à nouveau au Bahrein, avec la suspension de Sadik Mikhou, pour passeport biologique. Avec cet ex-Marocain, qui avait beaucoup progressé en 2017 pour atteindre 3’31’34 sur 1500 mètres, il s’agit du troisième athlète du Bahrein sanctionné pour dopage après Ruth Jebet, championne olympique du steeple, et Viola Jepchumba, auteure de la 5ème performance mondiale sur semi-marathon.

 

paris jebet steeple a

Sale temps pour l’athlétisme du Bahrein. Le dopage s’est invité en fanfare dans ce pays recruteur de talents au Kenya et au Maroc. Les choses se sont gâtées en début d’année, avec le contrôle positif à l’EPO de Ruth Jebet, la championne olympique du steeple de Rio, et recordwoman du monde de la spécialité. L’affaire révélée en février par notre site et « The Guardian » est demeurée longtemps secrète. Ce n’est qu’au mois de juillet que l’Athletics Integrity Unit se décide à publier une longue liste d’athlètes suspendus, où l’on retrouve Ruth Jebet, suspendue provisoirement depuis le 4 février 2018, et qui n’est d’ailleurs pas encore, à ce jour, sanctionnée officiellement. Un retard étonnant à considérer que l’ex-Kenyane a été contrôlée positive à l’EPO, probablement en décembre 2017, et que son échantillon B doit être analysé depuis longtemps…

Viola Jepchumba, 1h05’22 » sur semi, et positive à l’EPO

JEPCHUMBA

Au mois de juillet en confirmant officiellement le cas de Ruth Jebet, l’Athletics Integrity Unit lève le voile sur un autre cas positif d’envergure, celui de Viola Jepchumba, à nouveau pour de l’EPO. Certes, son renom est moins grand que celui de Ruth Jebet, mais tout de même, cette autre ex-Kenyane pouvait se targuer d’avoir réalisé en 2017 la 5ème performance mondiale de tous les temps sur semi-marathon, avec 1h05’22’’. Elle avait connu en 2016 une véritable explosion améliorant son record de plus de 3 minutes, et quelques mois plus tard, elle se voyait recrutée par le Bahrein. C’est sous les couleurs de son nouveau pays, qu’elle avait réalisé un autre chrono surprenant, 30’24’’ sur 10 km, soit un progrès de 1’45’’, une fois de plus à Prague, une ville où les performances des athlètes féminines sur semi ou 10 km ont tendance à étrangement chavirer… Son cas a été, lui, rapidement réglé, Viola Jepchumba se voit suspendue 4 ans à partir du 30 septembre 2017, avec ses résultats supprimés à partir du 28 août.

Sadik Mikhou, 3’31 »34, et un passeport biologique douteux

MIKHOU

En ce début septembre 2018, un autre athlète du Bahrein se voit pointé du doigt. Sadik Mikhou est suspendu à titre conservatoire pour des irrégularités de son passeport biologique. Cette fois, c’est un athlète recruté au Maroc qui se voit surpris en pleine dérive. Là encore, les performances avaient connu un pic très étonnant, avec un chrono de 3’31’’34 réalisé mi-juin 2017, marquant une progression de près de 1 seconde, à pourtant plus de 27 ans. La performance le propulse parmi les favoris du Mondial de Londres, mais il ne finira que 6ème. Sa saison 2018 se situe bien en-deçà de ses résultats 2018, il ne fera pas mieux que 3’34’’55 au meeting de Paris fin juin. Aux Jeux Asiatiques, fin août, il sort par la petite porte avec un abandon sur 800 mètres et sur 1500 mètres. Sadik Mikhou se sait probablement déjà sur la sellette, la procédure pour le passeport biologique informant d’abord l’athlète qu’il doit justifier les irrégularités constatées avant de procéder à une procédure disciplinaire. Et c’est justement au lendemain de ces abandons, le 31 août, que débute sa suspension provisoire…

A quelle date sera fixée la sanction définitive de Sadik Mikhou ? Quelles seront les performances qui lui seront supprimées ? L’Athletics Integrity Unit le décidera en fonction des informations données par ses experts. Une chose est sûre, le double abandon de Mikhou aux Asian Games a évité à son pays l’affront de devoir rendre d’éventuelles médailles. Et le Bahrein peut aussi se targuer de demeurer « propriétaire » du titre olympique de Ruth Jebet et son record du monde…

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.