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Dopage : l’IAAF fait appel de la relaxe de Riad Guerfi par la FFA

L’affaire Riad Guerfi, mis en cause pour des valeurs anormales de son passeport biologique en octobre 2016, ne s’est pas achevée en ce mois de janvier sur la relaxe prononcée par la FFA, en raison d’un vice dans la procédure menée par l’IAAF. En effet, l’instance internationale a fait appel de cette relaxe dans le Tribunal Arbitral du Sport qui statuera le 6 juillet 2017.

Riad Guerfi

Riad Guerfi

L’affaire Guerfi n’est nullement terminée. Elle devrait connaître un dénouement le 6 juillet prochain, comme en témoigne le site du Tribunal Arbitral du Sport, qui annonce le programme du tribunal pour les semaines à venir.

L’intitulé de cette audience est explicite : « CAS 2017/A/4996 International Association of Athletics Federations (IAAF) c. Fédération Française d’Athlétisme (FFA) & Diad Guerfi ». Il confirme que l’IAAF a bien fait appel de la relaxe qui avait été prononcée début janvier par la FFA, et se retrouve dans ce procès opposée à la FFA et à Riad (petite erreur sur le prénom) Guerdi.

La procédure a été lancée très rapidement après cette décision, comme me l’avait laissé entendre en janvier Kyle Barber, responsable des investigations anti-dopage à l’IAAF, qui ne dissimulait pas une certaine irritation à voir le premier cas de passeport biologique français à être ainsi balayé par un loupé administratif, en l’occurrence l’information de l’athlète sur ce problème par un simple mail et non pas par un courrier recommandé.

L’IAAF, ainsi que l’AMA, s’étaient penchés sur ce cas, au titre de « l’intérêt de considération », et la décision d’un appel auprès du Tribunal Arbitral du Sport a été prise rapidement, en respect des délais légaux. Mais avec les nombreuses sollicitations de l’instance de Lausanne, en particulier dans le domaine du foot, il a fallu plusieurs mois pour que l’audience puisse être programmée.

A noter d’ailleurs que c’est le 21 juin que statuera le TAS sur le cas de l’Espagnol Adel Mechaal, qui a fait appel, lui,  d’une suspension de 15 mois prononcée début décembre par l’Agence Anti Dopage Espagnole suite à trois no shows.

Trois experts d’accord

Quelle peut être la décision du TAS ? Le dossier constitué par l’IAAF à l’encontre de Riad Guerfi mettait en évidence des valeurs anormales de son passeport biologique, constatées par les trois experts scientifiques de l’IAAF. Comme le rappelait Kyle Barber en début d’année, pour une telle procédure, il ne s’agit pas d’une décision interne à l’IAAF, les trois experts doivent être d’accord pour estimer qu’il existe une présomption de dopage, et il est demandé alors à l’athlète de fournir ses explications pour justifier que les changements enregistrés dans les paramètres biologiques ont une origine autre que le dopage. Et ce n’est que dans le cas où les éléments présentés n’apparaissent pas convaincants qu’une suspension demeure demandée.

En respect de cette procédure, Riad Guerfi avait justement été invité à justifier les incohérences enregistrées, il avait produit différents documents expliquant par exemple qu’il affichait un hématocrite très élevé, car de retour d’un stage en altitude, et il avait aussi souligné que dès juniors, son hématocrite était haut. Toutefois, ces éléments n’avaient pas visiblement pas convaincu le trio des experts de l’IAAF, qui avaient donné le feu vert au lancement d’une procédure à l’encontre de l’athlète.

Au niveau de la commission anti-dopage de la FFA, ce dossier n’avait même pas été analysé, le problème de l’envoi par simple mail et pas en courrier recommandé apparaissant comme un obstacle insurmontable par les services juridiques de la FFA, qui estimaient la prise de risque trop élevée dans le cas d’une contestation de l’athlète devant le Tribunal Administratif. Comme me l’avait expliqué Riad Guerfi en janvier, après sa relaxe, « Mon avocat, (Maître Nicolleau), a argumenté sur tout. Tout. Vraiment tout. Le fait qu’il y ait peu de contrôles sur une aussi longue période ne pouvait pas justifier le passeport et la procédure. L’envoi par mail, il a trouvé ça surréaliste. » Et il est vrai qu’en France, la preuve ne peut être apportée de cette manière, communément utilisée par l’IAAF pour tous les cas de passeports biologiques dans le monde.

Le Tribunal Arbitral du Sport livrera donc prochainement son verdict sur ce cas. Le recours à cette instance par l’IAAF est récurrent, à chaque fois que l’instance internationale conteste une décision estimée trop légère. L’IAAF a ainsi utilisé cette possibilité pour s’opposer à la relaxe de Marta Dominguez, pour de semblables irrégularités du passeport biologique. L’Espagnole, qui avait été exonérée par sa Fédération, avait finalement reçu une suspension de 4 ans.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.