Le traditionnel meeting de Carquefou accueillera ce vendredi 19 juin, les meilleurs juniors – espoirs français en quête de minima pour les Europe. Une réunion d’athlétisme atypique, orientée demi-fond, véritable rampe de lancement pour les futurs grands « milers » français.
Coincé entre la Loire et l’Erdre, Carquefou, c’est un petit point vert sur l’échiquier de l’athlétisme en Pays de Loire, calé à l’ombre des « regroupés », le NMA et le RC Nantes qui il y a peu ont opéré à des fusions respectives. Le Carquefou AC est resté en dehors de ces regroupements et dans la voix de Jean Paul Souchet le créateur du club, il y a une pointe de fierté à affirmer cette indépendance : «Oui, je l’avoue, je n’avais pas envie. Nous avons 325 licenciés, mais cela reste une famille, c’est convivial, nous avions peur de détruire cela. On est bien comme cela ».
Le CAC coule ainsi des jours tranquilles, un club formateur, un peu route, un peu marche nordique et pas mal athlé, la preuve, ce meeting très orienté demi-fond, la fierté du club, qui depuis une dizaine d’années sert de laboratoire pour faire sortir du nid certains oisillons, futurs grands milers français.
Ils y ont tous planté leurs pointes, surtout depuis 10 ans, lorsque cette réunion d’athlétisme prend une audience nationale. Jean Paul Souchet, le créateur de ce meeting, ne compte plus sur ses doigts pour énumérer ces jeunes espoirs qui ont émergé à Carquefou : « En 2005 – 2006, à l’exception de Medhi Baala, nous avions tout le demi fond français. En 2006, Mahiedine Mekhissi obtient chez nous sa première sélection internationale ». Ce jour là, le Rémois alors licencié à la VGA Compiègne se classe second sur 1500 mètres en 3’39’’04. La FFA le retient pour disputer la Coupe d’Europe. MMB peut se construire un nom.
En 2010, Pierre Ambroise Bosse n’est pas encore ligoté dans son surnom de PAB lorsqu’il prend le départ du 800 mètres. La course est remportée par Paul Renaudie, mais juste sur ses talons, le junior Pierre Ambroise Bosse alors crédité d’un 1’50’’56 s’affirme en enrhumant Ismaël Kone et Brice Leroy. Son temps, 1’48’’64 et le public d’apprendre à prononcer ce nom sans écorcher le prénom.
Carquefou, il n’y a pas d’argent ou si peu, pas de primes d’engagement, des frais de déplacement à minima, un budget ric rac, 50 000 euros prestations comprises, alors comment expliquer ce succès d’estime ? Jean Paul Souchet hésite une seconde, il dit : « Franchement je n’ai pas d’explication». A nouveau un petit silence avant d’affirmer : «Oui, il y a l’accueil, tous le reconnaissent. Il y a comme une communion entre coureurs, organisateurs et spectateurs. Ils le disent : on est comme chez nous » de l’hôtel au stade où 120 bénévoles œuvrent dans l’ombre. Et de poursuivre : « Il y a eu notre travail, notre obstination, ma connaissance des athlètes et les échanges que j’ai avec les entraîneurs ».
Avec Christian Ménard son alter égo, Jean Paul Souchet, amoureux du 1500 et du 5000, a donné un horizon demi-fond à son meeting, véritable rampe de lancement pour des espoirs français aux côtés de jeunes Ethiopiens, Erythréens et Kenyans en quête eux aussi d’une perf., ticket d’entrée pour de grands meetings.
Cette année encore, les minima seront en jeu pour les Europe juniors et espoirs, des courses indécises, capricieuses mais juteuses pour faire oublier le marasme qui fouette le 5000 au bilan national. Dans la foulée de Moses Kibet, du lièvre Dame Tasama, les Barrer, Bour Saddedine, Guillorel, Roudolff Levisse seront sur la brèche, cinq places pour trois tampons sur le passeport destination Tallin. Chez les juniors, personne ne manquera à l’appel, Hugo Hay, Fabien Palcau, Rémi Orvelin, Anatole Bertrand, Fidelio Klein, Aurélien Jem et Medhi Frère. Jean Paul Souchet le confirme : « Je les ai tous vu passer ». Cette année, lequel passera sous le nez du boss, pour se faire un nom ou un surnom ?
> Texte Gilles Bertrand – photo organisation