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Anouar Assila, relaxé par la FFA

La décision de la commission disciplinaire de la FFA concernant Anouar Assila vient de tomber, avec l’annonce de la relaxe de l’athlète du Mans. Deux thèses contradictoires s’affrontaient, autour du contrôle inopiné effectué au domicile de l’athlète le 16 février 2016. Le contrôleur de l’AFLD arguait avoir vu Anouar Assila qui aurait refusé ensuite d’ouvrir sa porte, alors qu’Anouar Assila affirmait avoir été absent pour un déplacement en Espagne. Face à cet imbroglio, la Commission disciplinaire a préféré ne pas condamner Anouar Assila. Le président de la FFA pourrait faire appel de cette décision.

 

Anouar Assila (à g.) en compagnie de Noureddine Ariri
Anouar Assila (à g.) en compagnie de Noureddine Ariri

L’imbroglio était total depuis le 16 février, jour où deux contrôleurs de l’AFLD se sont présentés au domicile d’Anouar Assila au Mans, pour effectuer un contrôle anti-dopage inopiné. Une procédure en accord avec le nouveau code du sport autorisant les prélèvements inopinés à toute personne en phase de préparation de compétition.

Le compte rendu rédigé par la commission disciplinaire en date du 20 avril donne tous les détails sur le déroulement de cette commission, et sur les raisons aboutissant à sa décision de relaxe.

On peut ainsi y découvrir que le premier contrôleur s’était présenté à 7h44, et l’épouse d’Anouar Assila lui avait répondu que son mari n’était pas joignable car en déplacement en Espagne.

Le compte rendu de la commission disciplinaire révèle alors un rebondissement extravagant. En effet Damien Ressiot, le patron des contrôles à l’AFLD, prenait contact avec Philippe Simier, le président du Club Sarthe Running, en se faisant passer pour un journaliste souhaitant rencontrer Anouar Assila. Selon la version de Damien Ressiot, Philippe Simier l’aurait rappelé après avoir joint l’athlète pour lui indiquer qu’il était bien chez lui.

Un 2ème contrôle

Fort de cette information, Damien Ressiot décidait aller de diligenter un 2ème contrôle inopiné, cette fois vers 17h45. Ce 2ème contrôleur affirmait avoir vu Anouar Assila arriver au volant de sa voiture vers 18h53, et se diriger dans sa maison. Le contrôleur affirme avoir ensuite tenté vainement de se faire ouvrir la porte, en multipliant les coups de sonnette, les SMS, les appels sur répondeur. Et que  Madame Assila lui aurait répondu à 21h10 que son mari était en Espagne, et aurait invité à pénétrer dans la maison pour constater son absence, ce qu’a refusé le contrôleur.

Dans l’intervalle de temps, Damien Ressiot avait contacté Michel Marle, monsieur Anti dopage à la FFA, en lui demandant de joindre Philippe Simier pour qu’il convainque son athlète d’accepter le prélèvement.

C’est alors que deux thèses opposées vont encore naître. Michel Marle affirme que Philippe Simier lui aurait répondu qu’Anouar Assila craignait ce contrôle au motif qu’il utilisait des corticoïdes depuis plusieurs semaines. Et comme le matin auprès de Damien Ressiot, Philippe Simier aurait confirmé que l’athlète était bien chez lui et non en Espagne.

Un scénario amenant l’AFLD à dresser un procès verbal de soustraction au contrôle anti-dopage, qui amenait la FFA à engager le 8 mars 2016 à l’encontre d’Anouar Assila une procédure disciplinaire.

Philippe Simier conteste la version de Michel Marle

Lors de la réunion de la Commission Disciplinaire du 20 avril 2016, un rebondissement important va se produire. Anouar Assila va recevoir le soutien de Philippe Simier qui conteste formellement la version de Michel Marle. Dans l’attestation produite, le président de Sarthe Running conteste avoir eu M. Assila au téléphone, et avoir dit à Michel Marle qu’Anouar Assila était chez lui et refusait d’ouvrir la porte.

Lors de cette réunion au siège de la FFA à laquelle assistent Anouar Assila, Nouredine Ariri, comme témoin, et les deux avocats de l’athlète, d’autres éléments vont être remis en cause. En particulier Anouar Assila soutient être parti sur Montpellier en co-voiturage le 15 février, pour rejoindre Malaga pour visiter son frère et sa mère. Il produit ainsi des attestations de personnes l’ayant logé sur Montpellier. Il souligne que le contrôleur l’a confondu avec son ami Nourredine Ariri, qui aurait été au volant de sa voiture le 16 février soir, en arguant qu’il ne dispose pas de permis de conduire.

Un acharnement déloyal

D’autres éléments ont plaidé en faveur d’Anouar Assila, notamment la démarche de Damien Ressiot auprès de Philippe Simier, pour obtenir des infos sur la localisation de l’athlète, que la commission considère comme déloyale. Tout comme elle estime que le contrôleur aurait déployé des moyens disproportionnés pour prouver la présence d’Anouar Assila en son domicile au soir du 16 février, en multipliant coups de sonnette, sms, appels.

Et la commission de conclure à un acharnement à l’encontre d’Anouar Assila, qu’elle estime de nature à remettre en cause la sincérité de la procédure. Avec en ultime conclusion, l’affirmation que la matérialité de l’infraction n’est pas établie par des éléments suffisamment précis et concordants.

Ainsi cette situation exceptionnelle s’achève-t-elle par une relaxe d’Anouar Assila. Une décision sur laquelle le Président de la FFA pourrait porter appel.

 

Texte : Odile Baudrier

Photo : Gilles Bertrand