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Anita Hinriksdottir, grande espoir du 800 m

Un vent de jeunesse souffle sur le 800 mètres. Avec Mary Cain, l’islandaise Anita Hinriksdottir fait figure de grande espoir du 800 mètres féminin.

 

Anita Hinriksdottir  aux portes des 2 minutes sur 800 mètres

Anita Hinriksdottir aux portes des 2 minutes sur 800 mètres

Consulter les statistiques concernant les bilans mondiaux juniors filles sur 800 mètres….et vous chopez une sale migraine carabinée. Car cette liste qui s’imprime sous vos yeux est un magnifique florilège des plus belles escroqueries de l’athlétisme féminin. Des noms, des prénoms, des pays, des perfs, le tout inscrit dans le dur, à jamais, malgré la mise à nu de certains grands scandales liés au dopage étatique.

 

La filière 800 juniors filles est et restera pour longtemps dominée par des athlètes hydrides, Pamela Jemilo 1’54 »01, Caster Semenya 1’55 »45 et Francine Nyonsaba 1’56 »59. Puis suivent une batterie de filles, tankées comme des Lada,  Allemandes de l’Est de nationalité, 7 au total sous les 2 minutes. Pèle mêle, dans ce marécage de statistiques qui aurait du être désinfecté depuis longtemps, surnagent encore 6 chinoises, survivantes de l’armée de Ma qui défraya la chronique du demi fond des années 90 par des pratiques d’entraînement dont personne ne fut dupe.

 

Dans ce wagon des moins de 2 minutes, dans ce bal des vampires, elles sont une petite trentaine, de nouveaux noms ont émergé, titulaires d’une performance récente. Citons la cubaine Sahily Diago 1’57 »74 en 2014 et les deux américaines Ajee Wilson 1’58 »21 à Moscou en 2013 et Mary Cain, la petite protégée d’Alberto Salazar, 1’59 »51 à Eugene en 2013.

 

Quel sera leur avenir ? Quel sera leur destin athlétique ? Compte tenu de la précarité de telles performances réalisées à des âges biologiques qui l’emportent sur l’état civil.

 

La question se pose également à propos de la toute jeune islandaise Anita Hinriksdottir, aux portes des 2 minutes, 2’00 »49 et 2’01’81 en salle. Championne du monde cadette à Donetsk en 2013 et médaillée d’or aux Europe de Rieti chez les juniors, cette gamine blanche comme l’aspirine a fait irruption dans une Islande volcanique qui se cherche désespérément des icônes. A ce jour, une seule femme a remporté une médaille olympique, la perchiste Vala Flosadottir en bronze sur le podium de Sydney en 2000.

 

Alors, on s’est jeté sur Anita, sur sa jeunesse de fille tranquille et sage, mais un brin mordante lorsqu’il s’agit de griffer la piste. Sur sa précocité à conquérir titres et médailles dans un style peu orthodoxe, sur son entraîneur, Gunnar Páll Jóakimsson, formé aux Etats Unis à l’université de San José et qui a enfin trouvé le diamant à ciseler.

 

Car désormais, c’est bien ce que l’on attend de lui. Qu’il aille au bout d’une histoire. Qu’il sache écrire le bon scénario. En trouvant les équilibres parfaits pour que Anita ne quitte pas les planches dès l’acte suivant, le plus redouté, le passage chez les grandes.

 

Née en 1996,  elle sera encore junior cette saison. Mais elle sera présente aux Europe en salle organisés les 6 – 7 et 8 mars à Prague. Pour s’aguerrir, pour apprendre à frotter, à se glisser dans les trous de souris, à gicler dans le dernier virage. Pour rentrer dans le cercle fermé des «moins de 2« comme on l’exprime dans le jardon du 8. Pour mettre un pied dans ce bal des vampires sans pour autant se laisser saigner.

 

> Texte Gilles Bertrand