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Les dopés échappent aux contrôles, un triste constat à l’AIU

Les sportifs dopés sont trop forts et la lutte antidopage n’est pas efficace. C’est le terrible constat dressé par David Howman, le patron de l’Athletics Integrity Unit. Un aveu d’échec d’autant plus marquant que l’athlétisme est le sport qui prononce le plus de suspensions.

Les chiffres le livrent sans concession. Les contrôles antidopage détectent rarement les produits interdits. L’Agence mondiale antidopage annonce ainsi un pourcentage de 0,77 de cas positifs. Pour la France, ce sont 0,75 % qui ont été détectés en 2024 avec 87 résultats d’analyses anormales sur 12346 contrôles réalisés.

C’est très peu puisque selon les études, l’utilisation de produits interdits concernerait entre 13% et 44% des sportifs. Et pour certains observateurs, comme Pierre SALLET, il est question de 80% d’utilisateurs dans les élites.

Alors bien sûr, la déclaration de David Howman que le système antidopage n’est pas efficace ne peut vraiment surprendre. C’est une réalité et il est facile de le constater en observant certaines performances sportives qui se succèdent dans une grande incohérence. 

Malgré tout, ses propos sonnent comme une alerte dramatique. Car ce n’est pas n’importe quelle personnalité qui parle ! Après avoir œuvré 13 ans au sein de l’Agence Mondiale Antidopage, David Howman est devenu le président de l’Athletics  Integrity Unit, l’unité chargée de l’antidopage dans l’athlétisme.

Et l’athlétisme est justement le sport qui obtient le plus de résultats dans cette lutte. Chaque semaine quasiment, un nom d’athlète suspendu est annoncé. Ainsi pour l’année 2025, ce sont environ 80 sanctions qui ont été prononcées. On est très très loin du petit chiffre d’environ 15 à 20 cyclistes par an, et quasiment aucun cas en foot ou tennis.

Toutefois il est juste aussi d’admettre que ces gros scores sont obtenus grâce aux suspensions d’athlètes du Kenya. Le pays est laminé par le dopage, l’actualité le confirme au quotidien avec des athlètes de tous les niveaux, de tous les âges, stoppés par un contrôle positif. C’est ainsi que les statistiques de l’AIU bénéficient d’un véritable booster !

Mais les propos de David Howman confirment qu’il n’est pas dupe quand il déclare avec force « les dopés volontaires de haut niveau nous échappent ». Et il a même concédé que malgré l’efficacité affichée par l’AIU pour attraper les tricheurs, elle n’en attrape pas suffisamment et que des améliorations significatives sont nécessaires.

En clair pour lui, la lutte antidopage est en panne et doit maintenant franchir un cap pour augmenter son efficacité en travaillant avec les meilleurs outils scientifiques et d’investigation pour dénicher des tests plus efficaces.

Et avec lucidité, il admet que ce manque d’efficacité affecte la crédibilité du mouvement antidopage. Une analyse réaliste quand on observe certains résultats.

Analyse Odile Baudrier 

Photo DR

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