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Aux Etats-Unis, le dopage demeure peu sanctionné

Les suspensions pour dopage prononcées par l’USADA, l’Agence Américaine Anti-Dopage, se révèlent particulièrement peu sévères, et concernent rarement des sportifs de niveau international. Un comble à considérer que l’équipe américaine a une nouvelle fois terminé au premier rang des médailles pour les Jeux Olympiques de Paris. Pour certains sports, comme la MMA, l’USADA accepte également de prononcer des sanctions réduites, par exemple, 6 mois pour utilisation d’EPO.

Le maître du monde sportif demeure bien les Etats-Unis, avec une nouvelle fois pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, la place de leader mondial au nombre de médailles. Un total de 126, donc 40 en or, tous sports confondus, contre 91 à la Chine, également dotée de 40 d’or.

Mais cette domination ne s’accompagne pas d’une vraie volonté dans le dopage de l’anti-dopage, et le pays, malgré ses effets verbaux répétés, s’illustre peu pour sa lutte. Quelques chiffres le révèlent sans ambiguïté : l’USADA a prononcé 36 suspensions sur l’année 2024. A titre de comparaison, pour la France, l’AFLD affiche un chiffre de 92 décisions en 2024.

Les suspensions de Masters de plus de 70 ans !

Autre élément qui témoigne de ce manque d’engagement : les sportifs sanctionnés sont rarement de niveau international. Ainsi en 2024, année olympique, pour l’athlétisme, il apparaît six athlètes. Leurs noms ne parlent pas vraiment. Evidemment puisque dans quatre cas sur six, il s’agit d’athlètes Masters : Cary Cooper – 55 ans, Johnny Maynard – 51 ans, mais également des septuagénaires, avec Loretta Turner – 70 ans, Robert Qualls – 72 ans… Les contrôles lors des divers championnats Masters US ont été très fructueux, ils témoignent évidemment d’une dérive inquiétante à ces âges, mais avec quelles vraies conséquences sportives et financières ??

Le seul athlète d’élite sanctionné en 2024 est Gil Roberts, plusieurs fois membre de l’équipe US de relais, mais dans les années 2012-2016, positif pour la deuxième fois à l’automne 2023, et suspendu cette fois pour 8 ans.

Des suspensions de deux ans seulement

Côté suspensions, là encore, les durées prononcées apparaissent plutôt « lights ». Certes, elles demeurent en accord avec les règles mondiales, puisque l’Agence Mondiale n’en fait pas appel, mais tout de même sur les 27 sanctions prises à début juillet 2025, deux seulement affichent une durée de 4 ans. Celle de Robert Karas est de 8 ans, car récidive pour le triathlète polonais. Pour le reste, ce sont souvent 2 ans, y compris pour la testostérone.

Dans cette liste de 27 sanctions, 5 concernent des pratiquants de la MMA. Et leurs sanctions font sursauter : seulement 6 mois pour prise d’EPO, de clenbutérol, de stéroïdes anabolisants… A titre de comparaison, en France, quatre sanctions ont été prises par l’AFLD en 2025 en MMA, avec 3 ans pour Stanozolol et anabolisants, 4 ans pour ostarine, et même 2 ans pour un diurétique.

Deux poids, deux mesures donc. Ceci en raison des règles particulières applicables à la MMA aux Etats-Unis, où les contrôles ne résultent que d’une convention d’accord entre l’USADA et l’UFC.

Un père et son fils suspendus

Mais même en excluant cette exception MMA, le bilan 2025 de l’USADA apparaît très terne, en particulier côté athlétisme, avec 4 cas. Deux ne se sont conclus que par des sanctions sans important : 1 mois pour James Carter Jr, sauteur en longueur et triple sauteur, pour du cannabis, un simple avertissement pour Shawnti Jackson, une sprinteuse de 20 ans, pour des injections de fer sous forme intraveineuse.

Les deux autres cas concernent un père et son fils : Seth Vowell, un jeune athlète de 16 ans, et Michael Vowell. Celui-ci se voit suspendu à vie pour avoir utilisé son propre gel de testostérone sur son fils, qui est lui, sanctionné pour deux ans. Une affaire édifiante qui confirme que même les parents peuvent être complètement irresponsables quant à la santé de leurs enfants.

Alberto Salazar suspendu 4 ans par l’USADA

Mais là encore, l’USADA s’illustre par un DEUX POIDS – DEUX MESURES : cette affaire rappelle celle d’Alberto Salazar, l’entraîneur leader en athlétisme, mis en cause par de multiples témoignages pour ses pratiques douteuses sur les athlètes. Il avait fallu plus de deux ans à l’USADA, entre mars 2017 et septembre 2019, pour conclure à une sanction contre l’ancien marathonien. Il s’agissait alors d’une suspension de 4 ans seulement, une sanction très light vu les faits reprochés et témoignages recueillis, alors que le père Vowell a reçu, à juste titre, une suspension à vie.

C’est finalement « SAFESPORT », un organisme créé aux Etats-Unis par le Sénat pour garantir un sport moins dévoyé de dérives douteuses, qui avait frappé le coup le plus sévère contre Alberto Salazar, en annonçant en juillet 2021 que le coach était désormais suspendu à vie d’entraîner, en raison des abus sexuels et émotionnels commis sur ses athlètes féminines. Une suspension prononcée donc pour des motifs extra-sportifs.

  • ANALYSE : ODILE BAUDRIER
  • PHOTO : D.R.