Aller au contenu

La Russie, un dopage étatique dénoncé par l’AMA

Les conclusions du rapport de l’Agence Mondiale Anti Dopage livré ce jour à Genève sont terribles à l’encontre de la Russie, avec l’accusation d’un dopage systématique orchestré par l’Etat, sous la houlette de la police secrète russe… La Russie pourrait être interdite des JO de Rio…

Une très sombre histoire autour de la marathonienne russe

Lilya Shobukhova, au coeur du système du dopage étatique de la Russie

Les visages des trois membres de la commission de l’agence Mondiale Anti Dopage sont graves et fermés. Dick Pound, Richard Mc Laren, Gunter Younger doivent assumer une mission de haute responsabilité, celle de la divulgation de leurs conclusions après plusieurs mois de travail.

Le documentaire présenté par Hajo Seppelt en décembre 2014 a été le point de départ de cette commission, et les images tournées par le journaliste allemand donnaient déjà quelques frissons sur les pratiques répandues du dopage en Russie.

Mais il est certain que les découvertes du trio d’enquêteurs officiels de l’AMA donnent carrément froid dans le dos, avec le sentiment d’être revenu à la très grande époque du bloc de l’Est et de son utilisation systématique du dopage.

La Police secrète menace les contrôleurs

Comme le révèle Nick Butler sur le site « insidethegames.biz », Dick Pound n’est pas le moins effrayé de ce qu’il dévoile. Comme l’implication du FSB, la police secrète russe, qui a pris la suite du fameux KGB, impliquée dans des intimidations directes sur le laboratoire de Moscou accrédité par l’AMA pour les contrôles. Les officiels en charge des contrôles se voyaient ainsi menacés, voire aussi les membres de leurs familles…

Les membres de la Police secrète s’invitaient très régulièrement au laboratoire pour mettre la pression sur le directeur du laboratoire et ses services. En particulier durant les Jeux Olympiques de Sochi, où ils tentaient d’exercer une interférence sur les tests effectués.

Dans cette phase d’enquête, ce sont 1417 échantillons qui ont été détruits par le directeur du laboratoire, Rodchenkov, dans l’objectif de réduire de nouvelles analyses par d’autres laboratoires anti-dopage…

Les athlètes aller et retour depuis Londres

Les trois enquêteurs ont également mis en évidence l’existence d’un 2ème laboratoire anti-dopage, à Moscou, celui-ci se chargeant d’aider à dissimuler les résultats positifs en détruisant les échantillons.

Autre découverte : des tests étaient effectués sur les athlètes avant leur départ pour les grands rendez-vous internationaux, et par exemple pour les JO de Londres, certains ont effectué le voyage retour jusqu’à Moscou pour être testés, avant de repartir pour Londres. Ou dans certains cas, de déclarer forfaits sur blessures ou maladies.

Pour conclure, Dick Pound et ses collègues ont clairement mentionné dans leur rapport leur demande de voir la Russie interdite de compétition pour les prochains Jeux Olympiques de Rio… Et indiqué également que les échantillons conservés après les Jeux Olympiques de Londres seront retestés !

Le cas Lamine Diack non évoqué pour préserver l’enquête d’Interpol

L’implication de Lamine Diack et de ses proches aux côtés de la Russie n’a pu être expliquée, la commission souhaitant donner la priorité absolue à l’enquête menée actuellement par Interpol et la Justice Française, mais elle a confirmé les faits de corruption concernant plusieurs individus, dont plusieurs membres officiels de l’IAAF.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.