Les athlètes de Russie continuent à garnir les listes des suspensions. En un mois, ce sont six nouvelles sanctions qui ont été prononcées, y compris sur des champions olympiques ou champions du monde. Mais à quoi servent-elles vraiment après qu’elles arrivent si longtemps après leurs titres ou podiums ?
Le bilan final des contrôles positifs lors des Jeux Olympiques de Londres pourrait bien s’achever sur les noms de Kirill Ikonnikov et Yelena Arzhakova. Le retesting de l’échantillon du lanceur de marteau russe, 4ème aux JO, a révélé la présence de testostérone. Il en ressort avec une deuxième sanction, et le voilà interdit maintenant jusqu’en 2026. Mais quelle importance pour lui ? Ikonnikov a maintenant 38 ans, et sa dernière compétition remonte à 2016 !!
Le cas de Yelena Arzhakova est quasi semblable. Elle avait déjà été suspendue pour des irrégularités de son passeport biologique, entre 2013 et 2015. C’est maintenant dix ans plus tard, qu’elle va perdre son titre de championne d’Europe du 800 mètres obtenu en 2012 ! Et même si elle n’a que 32 ans, elle a interrompu sa carrière depuis 2018.
Alors, pourquoi des sanctions si tardives ? S’agit-il d’ajouter des noms sur les listes des dopés pour gonfler les statistiques ? Certes, la « justice » sportive se doit d’être rendue à tout moment, y compris longtemps après les faits. Mais concernant les athlètes de Russie, cela tourne presque à la farce.
Des contrôles positifs de mai 2012 en Russie, enfin sanctionnés !!
Car ce sont aussi des contrôles positifs de mai 2012, effectués en Russie, qui sont utilisés pour procéder à de nouvelles sanctions. Oui, plus de 10 ans après leur prélèvement, lors de contrôles inopinés menés en Russie par l’Agence Anti-Dopage Russe. Les résultats avaient été bien dissimulés par le laboratoire de Moscou !
Deux marcheurs de renom se voient ainsi pris dans la nasse. Et pas des moindres. Aleksander Ivanov avait été champion du monde du 20 km à Moscou en 2013, vice-champion d’Europe en 2012. Il avait déjà reçu une première suspension, qui avait balayé ces titres. Et pour cet échantillon positif de 2012, il reçoit donc, dix ans plus tard, une suspension de deux ans, qui débute en ce mois d’août 2022, alors qu’il n’a plus fait une seule compétition depuis 2016 ! Certes, Aleksander Ivanov n’a que 29 ans, et « sur le papier », il pourrait reprendre sa carrière. Mais que sait-il vraiment faire sans utiliser de produits dopants ??
La question ne peut que se poser, au vu du nombre de sportifs russes qui reçoivent des suspensions successives, au point qu’il est très difficile de s’y retrouver entre les périodes de sanctions, et les autres. Très bel exemple, avec la sauteuse en hauteur Yelena Slesarenko. Championne olympique en 2004 à Athènes, puis 3ème à Pékin en 2008, elle avait perdu cette médaille de bronze olympique, après un restesting de son échantillon de Pékin. Et alors qu’elle a achevé sa carrière en 2014, la voilà qui réapparaît à nouveau dans les sanctions, cette fois, sur la base des analyses de données du rapport Mc Laren.
Le restesting des JO 2012, la divulgation de contrôles dissimulés depuis mai 2012, l’analyse de données biologiques. Les moyens sont multiples pour « cerner » les athlètes de Russie, et les inciter à renoncer à leurs pratiques déviantes. Une vraie nécessité pour envisager leur come back dans les stades. Mais il aussi l’admettre, dommage tout de même que les tests des JO de Londres se soient surtout focalisés sur cette seule nation ! Les surprises n’auraient sûrement pas manqué….
** Texte : Odile Baudrier
** Photos : D.R