Le Maroc compte-t-il parmi les pays où a sévi la corruption pour étouffer les affaires de dopage ? On peut le présumer au vu de l’appel à témoin lancé par l’IAAF, concernant ce pays et la Turquie.
La corruption a-t-elle existé au Maroc et en Turquie pour couvrir des affaires de dopage, selon un système comparable à celui mis sur pied en Russie ?? L’avenir très proche devrait le dire, mais un premier élément inquiétant est déjà apparu, cette fois, du côté de l’IAAF.
Un porte parole de l’instance internationale a en effet lancé un véritable appel à témoin pour inciter les personnes détenant des informations sur de telles pratiques à les dévoiler aux autorités compétentes.
Des faits révélés par les Russes
Une démarche faisant suite à des révélations émanant du clan russe, l’ex-président de la fédération russe et ex-trésorier de l’IAAF, Valentin Balakhnichev ayant déclaré que les pratiques douteuses recensées en Russie concernaient également d’autres pays, et en particulier la Turquie et le Maroc.
Quelques informations avaient déjà filtré côté Turquie, avec la mise en cause d’ Asli Çakır Alptekin, invitée à payer des pots de vin aux fils Diack pour éviter un contrôle positif.
Par contre, pour le Maroc, de telles allégations font figure de nouveautés, sans qu’elles puissent être vérifiées pour le moment. Le site internet de référence, www.yabiladi.com a bien tenté de joindre la Fédération Royale Marocaine d’Athlétisme et le Comité Olympique Marocain mais sans pouvoir obtenir plus d’informations sur ces faits.
C’est probablement ce jeudi 14 janvier que la publication du 2ème rapport de l’AMA permettra de confirmer ou d’informer ces pratiques de versements de sommes d’argent par les athlètes marocains pour éviter les contrôles positifs.
Les nombreux contrôles positifs au Maroc
Et le site « yabiladi.com » ne dissimule pas un certain désenchantement face à un athlétisme marocain, déjà marqué au fer rouge par plusieurs affaires de dopage. Le marathonien Abderrahim Bouramdane s’est ainsi vu suspendu pour deux ans en octobre 2015 par l’IAAF à la suite d’irrégularités de son passeport biologique, remontant à 2011, avec en particulier la 4ème place au Mondial de Daegu, qui lui a été retirée après cette sanction.
Cette affaire fait suite à une succession de suspensions d’athlètes marocains pour des motifs de dopage. Dans le passé, on peut ainsi citer Adil Kaouch, 2ème sur 1500 m au Mondial 2005, Abderrahim Goumri, 2h05’30’’ en 2008, banni en 2012 (et tragiquement décédé dans un accident de voiture en 2013).
Plus récemment, les listes publiées par l’IAAF témoignent d’un vrai activisme du dopage dans le pays, avec quelques têtes d’affiches comme Mariem Selsouli, suspendue pour 8 ans pour usage de furosemide, Halima Haclaf, ou encore Khadija Sammah, victorieuse du France de cross court en 2014.
Mais ce sont également de nombreux athlètes bien plus anonymes qu’on retrouve cloués au pilori, et le plus souvent pour usage d’EPO, comme Yahya BERRABAH, Abderrahim El Asri, Ridouane HARROUFI, Nadia Noujani, ou pour utilisation de CERA dans le cas de Abdelkrim BOUBKER. Avec également des athlètes positifs à la testostérone, comme Mohammed EL MOUNIM et Mouna TABSART, écopant de 8 ans car coupable pour la 2ème fois…
Alors, la moisson, déjà très fructueuse, aurait-elle pu s’enrichir encore d’autres noms ???
- Texte : Odile Baudrier
- Photo : D.R.