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Rita Jeptoo, l’onde de choc

Un vrai séisme que cette nouvelle affaire de dopage concernant Rita Jeptoo

Un vrai séisme que cette nouvelle affaire de dopage concernant Rita Jeptoo

Alors que 36 athlètes ont été déclarés positifs, le Kenya semble avoir pris le taureau par les cornes pour combattre le dopage.

Le constat est amère, 95 cas de dopage ont été recensés en 2014 pour l’athlétisme, plaçant ce sport en tête de liste des disciplines les plus corrompues par ce fléau largement devant le baseball avec 62 cas et l’haltérophilie avec 28, le cyclisme ne venant qu’à la 4ème place avec seulement 16 cas.

Ce constat est d’autant plus sombre que ce chiffre a doublé en un an avec notamment une explosion des cas de dopage en Russie et au Kenya. Ce qui porte actuellement, le nombre d’athlètes à 346 purgeant à travers le monde une sanction supérieure à 2 ans dont 65 russes et 41 turques.

Ce chiffre peut bien entendu s’interpréter de deux façons différentes, soit l’athlétisme est un sport de plus en plus surveillé par la mise en application de programmes de luttes anti dopage fiables et pertinents, soit le dopage reste « institutionnalisé » dans quelques bastions et zones de non droit de la planète athlétisme. On peut à ce titre citer les exemples de la Turquie, de l’Inde, du Kenya et de la Russie,  ces deux dernières nations prises dans la tourmente des polémiques, des accusations et dans l’opacité des affaires politico-sportives dont l’écorce se fissure enfin.

Si la Russie n’a jamais vraiment cherché à fusiller ses vieux démons pourrissant avant tout la santé d’une jeunesse non pas complice mais victime d’un système survivant aux vieux modèles soviétiques, le Kenya révèle une face cachée détruisant l’image angélique auréolant succès, médailles et records  des coureurs kenyans. Certes le modèle de détection kenyan est exemplaire, certes l’implication du monde scolaire est unique, certes la structuration en une myriade de micro-structures plus ou moins professionnelles favorise le haut niveau mondial, mais aujourd’hui, à la lumière des accusations, sous le halo de certains records largement douteux, aux regards des 36 cas de dopage enregistrés récemment, les masques sont tombés.

Une fédération trop longtemps complice

Car que croire ?  Car qui croire ? Sans se fourvoyer dans les mauvais courants de pensée, sans se noyer dans une rivière de naïveté. Rita Jeptoo contrôlée positive à l’EPO en 2014…ce fut le dernier coup de grisou pour que toute la mine s’effondre. Un cas tout aussi retentissant qu’une Marion Jones, qu’un Javier Sotomajor en d’autres temps compte tenu du palmarès de la marathonienne considérée comme la meilleure mondiale en 2014, deux fois vainqueuse à Chicago et trois fois auréolée à Boston d’une couronne d’épines. Un simple contrôle inopiné réalisé à son domicile d’Eldoret, en septembre 2014, lui aura été fatal, lui interdisant de toucher le million de dollar qui lui était promis comme lauréate des World marathons Series.

Rita Jeptoo, c’est l’expression même d’un sport professionnalisé qui devant la complaisance et l’avidité des autorités, et en toute impunité, a joué avec les manquements graves de la fédération en matière de lutte anti dopage. Dans la foulée de Jeptoo, d’autres viennent de tomber, petits poissons, menus fretins, des « secondes lames de couteau », les marathoniennes Viola Chelanga Kimetto et Joyce Jemutai Kiplimo,  alors que six autres cas sont en attente d’être révélés par une Fédération qui fut trop longtemps complice et jouant depuis peu les pompiers pour sauver la face. Les mailles du filet se resserrent enfin,  Il était temps pour que l’athlétisme kenyan retrouve son panache et sa crédibilité.

> Texte : Gilles Bertrand

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