Aller au contenu

Dopage : le Kenya doit-il être suspendu ?

Une nouvelle suspension de taille frappe le Kenya, avec Kipyegon Bett, médaillé de bronze du 800 mètres au Mondial 2017, sanctionné pour refus d’un contrôle anti-dopage. En quelques mois, voilà quatre grosses pointures de l’athlétisme kenyan inquiétées pour des faits de dopage. Alors pourquoi ne pas suspendre la Fédération du Kenya ?? Le débat est lancé. D’autres observateurs pointent aussi du doigt le Belge Marc Corstjens. Le manager travaillait avec Kipyegon Bett, et aussi Ruth Jebeth, la recordwoman du monde du steeple, récemment contrôlée positive à l’EPO…

 

BETT

Un nouveau nom sur la liste des athlètes du Kenya, inquiétés pour des faits de dopage. Et encore un athlète de gros calibre. Kipyegon Bett avait empoché la médaille de bronze du 800 mètres au Championnat du Monde de Londres 2017, et avait réalisé en 2016, à seulement 18 ans, un chrono de 1’43’’76. Mais ce 15 août 2018, la sanction est tombée sur ce surdoué précoce avec une suspension provisoire, au motif d’un contrôle anti-dopage refusé.

3ème cas de dopage en quatre semaines, l’athlétisme du Kenya paie l’addition et cette accumulation suscite des réflexions peu amènes pour le pays. Au Kenya, la presse panique au point que l’éditorialiste de « The Nation » exige que les athlètes coupables soient soumis à une très grosse amende, voire même envoyés en prison.

La biathlète américaine Clare Egan lance une autre piste pour faire pression sur le pays : l’application de la règle fixée pour les haltérophiles, où toute fédération nationale, qui enregistre 3 athlètes dopés en 12 mois, est suspendue pour 2 ans. Une telle règle verrait alors le Kenya disparaître immédiatement du monde athlétique, avec rien que depuis le début de l’année 2018, quatre suspensions provisoires (incluant Asbel Kiprop), deux sanctions prononcées, une affaire en attente de jugement (2ème suspension de Jemima Sumgong).

Mais une attitude aussi offensive n’aurait évidemment pas que des avantages, puisque comme le souligne le journaliste britannique Nick Butler, cette solution pourrait susciter la tentation pour la fédération kenyane de dissimuler les cas de dopage constatés. Ce qu’elle n’a certainement jamais manqué de faire dans le passé, la rumeur circulant qu’en début d’année, environ 40 contrôles positifs demeuraient cachés par l’AK…

Rosa, et maintenant Corstjens

Ce gros fiasco suscite aussi à nouveau les interrogations autour du rôle des managers étrangers intervenant au Kenya. Début août, après l’annonce du contrôle positif de la marathonienne Lucy Kabuu, c’est Wesley Korir, marathonien kenyan, ancien député au Parlement, qui avait dirigé sa colère vers Rosa et Associates, dévoilant que Lucy Kabuu était positive très peu de temps après avoir rejoint le manager italien.

CORSTJENS

Pour Kipyegon Bett, c’est Mark Corstjens qui est mis au pilori. En quelques mois, le manager belge, évoluant au sein de la structure « Golazo », voit deux athlètes qu’il représente officiellement être reconnus coupables de faits de dopage. Ruth Jebet, championne olympique du steeple sous les couleurs de Bahrein, recordwoman du monde du steeple, a été détectée positive à l’EPO. Et maintenant Kipyegon Bett passe à la trappe.

Mais en réalité, pour les managers, les sanctions n’existent pas, quels que soient les problèmes rencontrés par leurs athlètes. Comme toujours, ils pourront invoquer leur ignorance de ces dérives, même si les grosses victoires obtenues de manière illicite n’ont pas manqué de bien remplir leurs comptes en banque… Et quoi qu’il en soit, pour eux, les affaires continuent. Comme l’a découvert l’énigmatique internaute « Cleans », très actif sur twitter dans le domaine du dopage, Marc Corstjens s’occupait ce week-end du plateau du marathon d’Eindhoven aux Pays Bas.

  • Texte : Odile Baudrier
  • Photo : D.R.